L’édito de Patrick Leboutte

Chers amis,

La publication par les éditions Montparnasse de 5 films de Denis Gheerbrant (en un coffret incluant notamment Et la vie et le Voyage à la mer) conjointement à la sortie en salles de la république Marseille, de loin son œuvre la plus ambitieuse (7 chapitres pour plus de six heures de projection), distribuée par le même éditeur, réveille en moi un vieux projet : celui de prolonger mes activités d’enseignant, de directeur de collection et de critique itinérant sous forme d’une lettre périodique où se préciserait au fil du temps cette idée de « geste cinématographique » qu’à mes yeux Denis Gheerbrant illustre exemplairement…

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La république Marseille
en salle

La républqiue Marseille
7 films de Denis Gheerbrant

  • La Totalité du monde
  • Les Quais
  • L’Harmonie
  • Les Femmes de la cité Saint-Louis
  • Le Centre des Rosiers
  • Marseille dans ses replis
  • La République

EN SALLE LE 7 OCTOBRE

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Entretien avec Denis Gheerbrant

Pourquoi Marseille ?

Comme un rendez-vous imaginaire : en 1980 j’ai fait l’image d’un très beau, très libre et intime film de René Allio, L’heure exquise. Allio aimait s’entourer de jeunes, à provoquer un échange entre générations. Le régisseur s’appelait Nicolas Philibert, le stagiaire Cyrille Collard. Je me souviens, Allio et moi, assis sur une marche d’un escalier du Panier, en train de discutailler hauteur de caméra. D’Allio, j’ai appris à regarder la forme d’un mur, d’un mur qui raconte l’histoire d’un chemin de campagne.

C’est donc d’abord une histoire de filiation cinématographique, même si Marseille n’est pas absente de ma propre généalogie. Plus tard, j’y ai tourné régulièrement, avec Alain Bergala, entre autres. Et puis j’y ai tourné des séquences de Et la vie, avec ma grosse Betacam sur les plages ou dans les cités. Je m’y suis fait des amis.

Marseille travaillait en moi comme un pays imaginaire, un monde peuplé de récits, le lieu d’une parole ouverte, où l’on pouvait avancer l’hypothèse que l’autre soit considéré comme une richesse avant que de représenter une menace. Je cherchais aussi, après le Rwanda, une terre par laquelle revenir filmer dans notre Europe. Une autre Europe, dans une autre socialité, dans une pensée du Sud, dans l’espace de la civilisation méditerranéenne.

Pour lire Marseille, je me racontais la légende de Gyptis, la fille du roi qui choisit comme époux celui qui arrive de la mer, et je me la décrivais comme la capitale de nos colonies et la plage où viennent se reconstruire tous ceux qui, de l’autre côté, ont été chassés par les catastrophes politiques ou économiques : Algériens, Comoriens, Italiens ou Espagnols.

Pour me représenter la forme de Marseille, je l’imaginais comme un théâtre grec, les montagnes qui l’entourent – l’isolent du « reste » – et regardent la mer. Un théâtre où se jouerait la confrontation des hommes et de leur destin, le théâtre de la cité qui a inventé la République. [Lire la suite]

Nicolas Philibert ou la solitude partagée

Je dois aux films de Nicolas Philibert, à la Ville Louvre pour commencer, au Pays des sourds ensuite, à la Moindre des Choses en particulier, de m’avoir fait connaître le cinéma documentaire. C’était voici plus de quinze ans. Son travail fit en quelque sorte, à sa façon, ma première éducation en la matière, m’orientant plus tard vers le geste cinématographique de Claire Simon, de Jean-Louis Comolli, de Denis Gheerbrant, de Robert Kramer, avec succès visiblement puisque j’y consacre depuis la plus grande part de mon temps. Pour moi, Nicolas Philibert reste d’abord un très grand passeur. [Lire la suite]

Nénette

Née en 1969 dans les forêts de Bornéo, Nénette vient d’avoir 40 ans. Ce n’est pas rien… Il est rare qu’un orang-outan atteigne cet âge-là ! Pensionnaire à la ménagerie du Jardin des Plantes - à Paris - depuis 1972, elle voit, chaque jour, des centaines de visiteurs défiler devant sa cage. Naturellement, chacun y va de son petit commentaire… [Lire la suite]