L’Idiot - Octobre (DVD)

de Pierre Léon

avec Jeanne Balibar, Laurent Lacotte, Sylvie Testud

Cinéaste artisan d’origine russe, Pierre Léon fabrique des films depuis plus de dix ans. Portés par une certaine mélancolie les deux films proposés ici assument totalement leur théâtralité.

  • L’Idiot (2009, 61 min, N&B)
    Avec Jeanne Balibar, Laurent Lacotte, Sylvie Testud, Bernard Eisenschitz, Pierre Léon, Jean Denizot, Serge Bozon, Vladimir Léon, Renaud Legrand, Martial Salomon, Thomas Maurice, Benjamin Esdraffo, Chloé Dussère, Stéphane Bardelli
  • Octobre (2006, 79 min, couleurs)
    Avec Pierre Léon, Vladimir Léon, Sébastien Buchmann, Circé Lethem, Julie Desprairies, Renaud Legrand, Naoum Kleiman

L’Idiot

Un film de Pierre Léon, 2009, 61 min, N&B

Avec Jeanne Balibar, Laurent Lacotte, Sylvie Testud, Bernard Eisenschitz, Pierre Léon, Jean Denizot, Serge Bozon, Vladimir Léon, Renaud Legrand, Martial Salomon, Thomas Maurice, Benjamin Esdraffo, Chloé Dussère, Stéphane Bardelli

Nastassia Philippovna et quatre hommes. L’un, Totski, est son protecteur, qui veut se débarrasser d’elle pour faire un mariage de raison. L’autre, Gania est celui à qui on l’a promise contre une dot avantageuse. Le troisième, Rogogine, est son soupirant, marginal, ténébreux et riche. Enfin, il y a le prince Mychkine, qui l’aime follement et qui veut la « sauver ». C’est lui, l’Idiot, qui parle à tort et à travers, et qui sème la pagaille dans une soirée mondaine où il n’était pas invité. Mais n’est-ce pas ce que cherche, précisément, Nastassia Philippovna, femme-esclave qui a décidé d’arracher les chaînes et de s’enfuir, quitte à sacrifier l’amour pur de Mychkine ?

Commentaire

« Un scandale, c’est comme une guerre civile. Sans effusion de sang. Mais pas sans effusions. Chaque acteur du scandale a son objectif de guerre, ses troupes, ses avant-gardes, ses arrière-pensées, son arrière-front.

Dans L’Idiot, il m’a semblé que l’épisode qui clôt la première partie, c’est-à-dire l’anniversaire de Nastassia Philippovna, était de ce point de vue un modèle. Il s’agit d’une réunion hétéroclite de quatre prétendants de Nastassia que la jeune femme va provoquer avec l’aide de Ferdychtchenko, un « bouffon » de service, chargé d’attiser les passions par un jeu de la vérité qui va dégénérer. Les enjeux sont si complexes — la relative nostalgie de Totski, qui veut se débarrasser de Nastassia Philippovna, sa maîtresse, en la mariant à un jeune ambitieux, Gania, contre une importante somme d’argent ; l’amour déréglé de Rogogine ; la pitié et la grandeur à contretemps du prince Mychkine, cet Idiot qui laisse tous les drames s’écrire en clair sur son visage ; la honte de Gania — que tous les personnages, plutôt que d’essayer de comprendre, se précipitent tête baissée, au risque de se fracasser contre le mur.

Chez Nastassia Philippovna, ce soir-là, en une heure et quelques secondes, les tensions accumulées, portées à leur maximum, se résolvent dans un véritable cluster — « une attaque simultanée, au hasard ou non, de plusieurs notes sur un clavier » (Larousse). J’ai pensé que cet épisode, tendu et direct, était comme un commentaire d’aujourd’hui du roman de Dostoïevski. D’où, formellement, le choix de ne pas reconstituer la Russie du XIXe siècle, mais plutôt un hors-temps européen. C’est une scène sans ellipse, un film-séquence, en quelque sorte, une tragédie mondaine qui dévide les querelles mais dont personne ne sortira indemne. »

Pierre Léon

Octobre

Un film de Pierre Léon, 2006, 79 min, couleurs

Avec Pierre Léon, Vladimir Léon, Sébastien Buchmann, Circé Lethem, Julie Desprairies, Renaud Legrand, Naoum Kleiman

Trois hommes dans le train Bruxelles-Moscou. Ils ne se connaissent pas, mais se rencontrent autour de la lecture de L’Idiot de Dostoïevski. Ils s’appellent Benoît, Charles et Jérôme. Ils se séparent, arrivés à Moscou, mais se promettent de se revoir.

Une quinzaine de jours plus tard, où on les voit se livrer à des activités mystérieuses, les trois voyageurs se retrouvent dans un vieil hôtel de l’époque soviétique. Deux autres amis, Héloïse et Benjamin, les rejoignent pour une fête improvisée. Benoît, lui, s’est éclipsé pour rendre visite à son vieil ami Naoum, qui lit pour lui quelques pages de L’Idiot.

Après une dernière conversation mélancolique entre Charles et Benoît, ce dernier annonce qu’il repart pour Paris.

Commentaire

« Au départ de ce film, il y a un désir contrarié. J’avais l’idée d’un feuilleton tiré de L’Idiot de Dostoïevski. Pour écrire le scénario, j’avais sollicité une aide, que je n’ai pas obtenue. Ce sont des choses qui arrivent plus souvent qu’elles n’arrivent pas. Cependant, j’avais l’impression désagréable que ça ne pouvait pas s’arrêter comme ça. Alors, un certain nombre de circonstances se sont donné rendez-vous, dont est né le film Octobre.

Premièrement, il y avait cette impression désagréable d’inachevé dont j’ai déjà parlé.

Deuxièmement, mon frère Vladimir, qui allait tourner un documentaire à Moscou, m’a demandé de partir avec lui.

Il faut encore dire que Moscou est la ville où nous sommes nés tous les deux, à dix ans d’écart.

Je me suis dit alors que je tournerais quelque chose en marge du film de mon frère. Et que ce quelque chose tournerait lui-même autour de L’Idiot de Dostoïevski. Mon frère, le chef opérateur Sébastien Buchmann et moi, sommes montés dans le train Bruxelles-Moscou. Il m’a semblé aller de soi que trois hommes qui voyagent dans le même train parlent de L’Idiot de Dostoïevski.

J’en viens maintenant au troisièmement.

Je vois chacun de mes films comme une première expérience, c’est-à-dire l’occasion d’essayer ce que je ne sais pas faire. Je n’avais encore jamais improvisé un film. Des morceaux, des scènes, oui, mais risquer le film dans son ensemble, non. Mais pour ça, je sentais intuitivement que L’Idiot seul ne me suffirait pas, qu’il fallait aussi esquisser une histoire pour chacun de nous qui traverserions ce film. C’est pour cela que j’ai emprunté à mes films précédents le personnage de Benoît Barnum, à la fois mon double et mon négatif, et je lui ai donné la mission de se rendre à Moscou. Des amis sont venus le rejoindre. Ils se sont parlé. Beaucoup. Ou presque pas. C’était au mois d’octobre 2004. »

Pierre Léon

Réalisation Pierre Léon
Audio / Vidéo
  • 16/9
  • Français mono et stéréo
  • DVD PAL
  • Zone 2
couleurs et noir et blanc
Nombre de disques 1
Durée 2 h 20 min
Année de production 2006-2009
Date de sortie du DVD 8 juin 2010
Référence 3346030021675
Éditeur

Éditions Montparnasse

Éditeur : Éditions Montparnasse

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