Vivez ! Les petits cailloux blancs semés par Stéphane Hessel

Après Indignez-vous (Indigènes éditions), Engagez-vous (éditions de l’Aube),  Vivez ! chez Editions Montparnasse/Carnets Nord. Dans Vivez ! Stéphane Hessel répond aux questions d’Edouard de Hennezel et Patrice van Ersel. Il se révèle ici une fois de plus humaniste et philosophe. Avec la simplicité de ton qui le caractérise, il nous livre quelques formules de vie : spiritualité et transcendance nous libèrent au contraire de ce qui est pour lui l’aveuglement des religions : devons-nous dire que le divin, le transcendant, le spirituel, est une dimension de l’être qui ne peut pas se réduire à une figure qui serait un Dieu? Sans rejeter la demande de transcendance de l’homme, il met les confrontations humaines au débit des religions et se rattache à Spinoza, le philosophe de la responsabilité individuelle. Il plaide pour un apprentissage des vérités des sciences, de compréhension de l’histoire, des sociétés dans lesquelles nous vivons. Ce qui permet de mettre en oeuvre ce que nous avons en nous de réflexion, mais aussi de volonté et donc d’action.

Il faut agir pour une éthique universelle et sociale, nous dit-il. La Déclaration universelle des droits de l’homme, à la rédaction de laquelle il a participé, n’est pas rattachée à la « culture occidentale » comme certains voudraient la cantonner. Les droits et les libertés qu’elle défend sont valables pour tous. Il nous rappelle que l’engagement écologique est aussi important aujourd’hui que celui qui a motivé la Résistance: je considère que nous avons atteint un moment dans le développement de nos civilisations ou elles ne peuvent rester des civilisations qu’en prenant en compte l’environnement et l’effort écologique. Un cri d’alerte devant le boom démographique et la consommation croissante.

Méditer sa mort, des lignes fortes nous arrivent de cet homme qui parle de son propre cheminement, de ce qui l’a guidé, et de ce qu’il espère encore. Et puis encore sur l’amour: l’amour est quelque chose qui vous anime, qu’on le veuille ou non, et que l’on découvre en soi. On peut faire grandir en soi la réflexion ou la formation intellectuelle, mais on ne peut qu’observer en soi l’éclosion de l’amour (…) Si l’on pense qu’il ne mérite qu’une place restreinte, parce que le plus important serait la guerre, la conquête ou je ne sais quoi, alors il peut se réduire à une toute petite chose. Si on pense, au contraire, que le don de soi à un autre, la générosité à l’égard d’êtres que l’on aime, est ce que l’on peut faire de plus important dans la vie, alors cet amour que l’on découvre, et que l’on cultive, peut effectivement devenir la composante la plus forte de la vie humaineVivez ! un petit livre d’une centaine de pages qui est aussi un beau livre de vie.

Des grincheux, des professionnels de la critique aigre-douce, viennent de « s’indigner » d’une déferlante de publications signées Stéphane Hessel. Publications souvent co-signées avec quelques personnalités, le dalaï-lama, Edgard Morin etc…Ces grincheux parlent d‘opportunistes pour qualifier les éditeurs de ces publications, souvent des petits livres à quelques euros ( Vivez ! : 6 euros).  Je ne le vois pas comme cela. Je vois dans les thèmes abordés, les paroles de Stéphane Hessel, un message au long cours, une bouteille à la mer, des petits cailloux blancs semés au fil des jours pour nous amener à réflechir.On peut encore y voir la construction d’un édifice personnel, chaque livre étant une pierre spécifique de cette construction.

Personne ne peut entamer la légitimité du vieil homme si jeune, tellement plus jeune que bien d’entre nous. Lui seul détient le droit de dire assez. Avec le public.

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