Allemand, chinois, américain? Quel modèle pour les européens?

les peuples européens ne savent plus à quels saints se vouer, entre la domination allemande, la conquête chinoise, le redressement américain. Quel modèle adopter? Peut-on prendre un peu du meilleur de chacun? La rigueur de nos voisins d’Outre-Rhin, en oubliant les victimes d’un modèle social sans pitié, les excès d’une politique budgétaire défavorable aux européens? Le soutien sans faille de l’Etat chinois à ses entreprises qui injecte argent et protection juridique au détriment des « étrangers »? Ou encore une puissance américaine qui exerce un triomphe planétaire en « laissant faire » l’innovation individuelle? Ici pas d’intervention de l’Etat, si ce n’est pour encourager fiscalement les grandes entreprises, Google, Amazon, Apple, à dévorer le marché mondial des nouvelles technologies. Et la planche à billets du dollar fonctionne pour que la finance soutienne l’investissement.

L’Europe dans tout cela? Il me semble qu’elle ne prend guère en compte les atouts développés par ces grands concurrents. Elle reste timide sur le soutien financier à l’investissement, elle ne protège pas le marché intérieur au nom de la libre-concurrence et du consommateur-roi, elle subit, médusée, la destruction de son environnement social, économique, culturel.

Ce constat déprimant fait, nous pouvons en faire un autre, la nécessité de tourner le dos à des systèmes lancés à toute vitesse vers le précipice d’une Apocalypse décrite par le philosophe René Girard dans Achever Clausewitz, (Carnets Nord/Editions Montparnasse) ou nucléaire, démographie, et environnement se conjuguent pour que notre Monde disparaisse au XXI° siècle. Donc oublions cette course finale, écoutons l’économiste Jérémy Rifkin qui prône une fusion d’Internet et des énergies renouvelables, alors que les énergies fossiles polluantes, de plus en plus chères, jouent une « fin de partie ». Ne nous entêtons pas, dit-il, imaginons un monde ou des centaines de millions de personnes produisent leur propre énergie à domicile, au bureau, à l’usine et la partagent sur un Internet de l’énergie.

Rifkin explique encore dans La Troisième Révolution Industrielle (Les Liens qui Libèrent) comment celle-ci peut créer des milliers d’entreprises et des millions d’emplois. Nous avons trente ans pour mettre en route une autre société sinon notre planète sera invivable pour l’homme avant la fin de ce siècle.

Le 12 juin 2008, le président du parlement européen, Hans-Goert Potetring, dans un discours à la deuxième Agora citoyenne de l’Union européenne prononçait ses mots: La tâche prioritaire de l’Union dans la première moitié du siècle sera- pour citer Jérémy Rifkin-  d' »ouvrir la voie d’une troisième révolution industrielle. » Réduire les émissions de CO2 n’est qu’une partie de la question; l’heure du passage à une économie pauvre en carbone a sonné. Ce sont les piliers de « la troisième révolution industrielle » que Jérémy Rifkin a si puissamment présenté: recours accru aux énergies renouvelables, construction de bâtiments qui produisent leur propre énergie et passage à l’utilisation de l’hydrogène pour stocker l’énergie » .

C’était en 2008, ou en sommes-nous, 5 ans plus tard, de ces intentions? l’Europe doit être audacieuse, oser changer de modèle, oublier ces modèles allemand, chinois ou américain qui sont « dépassés », « meurtriers », « sans avenir ». Mais il y a urgence.

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