« on n’a pas pris le temps, d’expliquer, de montrer notre travail.

On n’a pas su montrer le travail en studio avec les artistes, les coulisses, tout ce qui est a mettre à notre crédit. (…) On n’a pas su raconter ce qui nous arrivait et pourquoi c’était injuste. On n’a pas su parler des métiers de la musique, de leur complexité, de notre savoir-faire » C’est dans Télérama de cette semaine que s’exprime Pascal Nègre, le grand patron d’Universal France, la major mondiale du disque.

Etonnant article, ou pour la première fois depuis 10 ans, cet hebdomadaire donne un autre son de cloche que l’habituel : les internautes pirates ont des pratiques largement justifiées. Le Net est un territoire ou la culture doit circuler sans contraintes. Ce qui arrive à l’industrie du disque est bien fait pour eux.

L’auteur de l’article, enfin, pointe les conséquences désastreuses de ce piratage:  » 12 000 emplois directs détruits depuis 2003, presque autant dans les activités connexes- comme les studios d’enregistrements et de création graphique (…) beaucoup de petites structures ont fermés depuis 3 an. Une catastrophe pour le pluralisme culturel, quand on sait que les labels indépendants enfantent 80% des disques dans le monde, mais ne glanent que le 1/4 des revenus »

Résultats : destruction de la création par le piratage, paupérisation des artistes – les producteurs au sein du SNEP, le syndicat français des « gros », en 2009 ne signaient plus que 35 artistes contre plus d’une centaine par an dans les années 90-.

Et oui, justement, quand les « gros » maigrissent, les « petits » meurent.

Alors tout n’est pas désespéré, nous dit le journaliste de l’hebdo. Les revenus de la musique, via le téléchargement légal, grandissent. Mais des sites comme Spotify, nouveau géant de la musique sur le Net, ne laissent guère de possibilités d’existence aux labels indépendants. Le système d’abonnement, la rémunération au prorata des écoutes, la négociation financière défavorable aux indépendants, montrent que la globalisation doit être combattue. Lutter contre les positions dominantes, voilà le nouveau défi du Net régulé.

Pour nous, tout ce qui est écrit dans cet article, depuis 10 ans, nous l’avons dit aussi pour nos métiers. Le piratage est la mort de la création et de la richesse culturelle. Les internautes pirates ne sont que des « consommateurs » du court terme. Sans être entendu des médias. Dommage.

Dans le même numéro de Télérama, sous le titre : le disquaire, espèce à protéger, on redécouvre les mots de qualité et de « raretés », la valeur du contact humain. Les disquaires étaient 3 000 au début des années 80, il en reste quelques dizaines chez qui on peut trouver l’objet rare.

Pour le DVD, des « comptoirs culturels » vous offrent aussi ce précieux conseil,, cette sélection faite sur les goûts et les passions. Potemkine dans le 10° arrondissement de Paris, ou Blaq out dans le 3°, mais d’autres un peu partout en France font partie de ces passionnés. En tapant UNEVI vous pouvez retrouver les adresses de ces comptoirs culturels.

 

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la sixième extinction

titre du passionnant essai du paléoanthropologue d’origine britannique Richard Leakey avec son sous-titre évocateur: Evolution et catastrophes. L’ouvrage n’est pas nouveau, il est paru en 1995, on peut le trouver chez Champs Flammarion. Mais à l’heure des déclarations tonitruantes autour du nucléaire, je trouve qu’il reprend toute son acuité. En décrivant l’histoire de la Terre, Richard Leakey ramène l’histoire de l’Humanité à peu de choses. Un bref instant dans un monde aléatoire qui a déjà vécu 5 extinctions de masse.

Avec son co-écrivain Roger Lewin, tout en examinant à la loupe les fossiles du lac Turakana, au Kénya ou il est né et ou il vit, Leakey nous brosse l’avenir: la croissance démographique, l’exploitation démesurée des ressources naturelles nous rapprochent de la sixième extinction. Et cette fois-ci c’est une espèce, Homo Sapiens, qui sera responsable de sa disparition. Evidemment de telles lectures peuvent nous faire paraître bien dérisoires nos agitations désordonnées.

Violences à la Une, Ambitions à la Une, Désirs à la Une, Caricatures à la Une.  Les médias montrent ce tourbillon dramatique des humains. Croissance, PIB, appétit des uns, misères des autres. Y a-t-il un camp meilleur que l’autre? Le paléoanthropologue, dans le rétroviseur, regarde plus de 4 milliards d’années d’une évolution aléatoire. La sélection naturelle, chère à Darwin, est moins visible que celle due au hasard, nous dit-il. Les positivistes en sont pour leurs frais. Enfin pas tout à fait, Richard Leaky les sollicite. Pour lui, ils doivent à leur tour montrer la complexité de la vie. Et sa fragilité.

C’est peut-être cet appel que nous attendons. Celui d’une science sans tabou. Et surtout modeste. « Nous sommes tellement ignorants du monde naturel (duquel pourtant nous dépendons) que c’en est consternant. (…) Nous savons que Homo Sapiens n’est pas affranchi des règles qui régissent la vie de tous les autres organismes. (…) Si nous n’y prenons garde, Homo Sapiens ne sera pas seulement la cause de la sixième extinction, il en sera également la victime. »

J’ai posté ce blog samedi matin. Hier. Je lis aujourd’hui dans le Journal du Dimanche l’entretien avec Michel Serres: « Nous sommes à la fin d’une ère » annonce-t-il, évoquant les 5 extinctions précédentes, le tremblement de terre du Japon, le risque nucléaire, la transformation de la Terre sous l’influence de l’homme. Il semble optimiste, confiant dans notre capacité à réagir et à nous adapter. Pour lui impossible en tous les cas de revenir en arrière ; nous sommes dans un mouvement irréversible de progrès et de croissance consommateur d’énergie et producteur de pollution.

Je rêve d’un face à face Leakey- Serres! Peut-être a-t-il déjà eu lieu?

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l’enfer et le paradis

Il y a quelques jours, le chroniqueur du Monde, Franck Nouchi, évoquait le tremblement de terre de Lisbonne en 1755, à travers Voltaire et Rousseau. Devant les 100 000 morts de Lisbonne, Voltaire imagine que si Dieu avait existé il n’aurait pu laisser faire cela, Rousseau lui réplique que les hommes, oublieux de la nature, en fondant des villes toujours plus peuplées, sont seuls responsables de leur propre malheur.

Dans le billet du 19 mars, titré « l’enfer et la raison », Franck Nouchi invoque cette fois-ci Camus. Il reprend avec ce titre celui de l’éditorial que publia Camus dans l’hebdomadaire Combat le 8 août 1945, au lendemain d’Hiroshima :  » Le monde est tel qu’il est, c’est à dire peu de chose (…) La civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie. Il va falloir choisir, dans un avenir plus ou moins proche, entre le suicide collectif ou l’utilisation intelligente des conquêtes scientifiques. »

Mars 2011, 66 ans plus tard, la raison ne l’a pas emporté, loin de là, peut être même la science l’a-t-elle oubliée!  Alors cela signifie-t-il que l’enfer triomphe? Qui a raison de Voltaire, Rousseau ou Camus? Chacun de nous cherchera une réponse, probablement difficilement en ces jours cahotiques. Et pourtant c’est toujours la petite étincelle qui nous rapproche, celle qui brille chez des hommes, presque incroyable,  insensée pour beaucoup.

Celle des « liquidateurs »de Tchernobyl. Celle des volontaires aujourd’hui, que certains appellent déjà les « sacrifiés », de la centrale de Fukushima. Ou encore, vu dans ce reportage sur France 2, celle de ce responsable d’exploitation d’une centrale nucléaire française, expliquant simplement, que s’il devait y avoir un jour un accident, il était évidemment volontaire pour rester là, sur place, pour combattre.

Ces hommes là, combattants en enfer, nous donnent beaucoup d’espoir. A chacun son paradis. Au delà de toute raison.

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Fukushima: nous sommes tous des japonais

nous dit un éditorialiste, paraphrasant la fameuse phrase du directeur du Monde, après l’attentat des Twin Towers le 11 septembre 2001: nous sommes tous des américains! Enfin pas tout à fait japonais. Les français quittent en masse le Japon – et les reportages qui les montrent, à l’arrivée à Roissy, si soulagés, me gênent- les japonais sont bien à part et tout seuls. Sur cette ile qui semble se refermer sur eux comme un ultime piège.

Mais je crois que le soulagement de ceux qui ont fui est illusoire: la radioactivité se moque des frontières- et même des distances, les vents portent loin, très loin les nuages radioactifs. Tchernobyl a montré cette réalité comme l’immense et émouvant sacrifice des « liquidateurs » soviétiques hier, et des « réparateurs » japonais aujourd’hui. Le silence, le respect s’imposent.

Gênants encore, « le retour d’expérience » de la ministre de l’écologie dimanche soir sur France 2, comme la mise à profit d’une évidence répétitive, et aussi le : « vous voulez revenir à la bougie » du présentateur d’I-TV ce matin face au directeur général de Geenpeace France, alors que celui-ci plaidait pour une remise en cause réelle du nucléaire.

Il semble bien que nous n’ayons pas voulu comprendre qu’avec le nucléaire le progrès, tant divinisé depuis le 19° siècle, avait franchi le pas du risque apocalyptique. Il faut relire René Girard, le philosophe français, son « Achever Clausevitz« , paru il y a deux ans, ou il explique comment et pourquoi l’homme a perdu la maitrise de son destin. Et son avenir. La catastrophe au Japon est aussi la nôtre, celle de la croyance sans critique en la science. Le capitalisme suppose une croissance sans fin. De surtout ne pas déranger le système établi. Aveuglement de la science et voracité des profits font cause commune.

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Les hommes en noir de Bruxelles

C’est ainsi qu’on appelle, habillés du costume-cravate noir, de la chemise blanche de circonstance,  la centaine d’inspecteurs, qui a débarqué, sans crier gare, chez les principaux éditeurs parisiens. Et là, ces « hommes en noir » ont mis sous scellés les ordinateurs, obligés les principaux principaux cadres à rester à leur disposition, interrompu ou désorganisé des maisons d’éditions en pleine activité

Que cherchaient-ils avec tant d’acharnement? les preuves d’une entente de ses éditeurs sur le prix unique du livre numérique! Voilà enfin le crime organisé poursuivi comme il faut. Voilà l’argent du contribuable français (et européen) bien employé. Voilà une grande cause européenne bien défendue.

Le prix unique du Livre, une mesure datant du début des années 80, aussi appelée loi Lang, du nom du ministre qui l’a obtenu, a sauvé les libraires. Le prix unique, fixé par l’éditeur, empêche les discounteurs de casser les prix, ce qui en général se fait au détriment de la diversité de l’offre. Les éditeurs français venaient d’obtenir du législateur français que ce prix unique soit également appliqué au livre numérique. Déjà en 2008, une offensive avait été menée contre le prix unique du Livre. Selon une idéologie identique à celle de Bruxelles. Celle de la défense du consommateur!

Cela en était trop pour les puissants sites de vente américains qui espéraient enfin, grâce au numérique, mettre à bas cette « exception » française.

A Bruxelles, le lobbying de ses sites a rencontré l’oreille favorable des commissaires ultra-libéraux. Pour eux rien de plus urgent, au nom de la libre concurrence, que de trouver le moyen de casser cette décision française. Pour servir le consommateur évidemment. Qui pourrait profiter des prix moins chers pratiqués par ses sites de vente.

En réalité ce serait remettre aux mains de deux ou trois monopoles toute l’offre culturelle. Qui ne serait rapidement plus qu’un commerce dirigé par les lois du marketing et du profit. Fin de l’édition française et de sa richesse.

I

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Tout va très bien…

madame la marquise ! On pourrait chanter cette ritournelle en lisant ses deux titres du jour ( les Echos jeudi 10 mars 2011) : « Les groupes du CAC 40 doublent leurs profits » et « Milliardaires: Arnault talonne Slim, Gates et Buffet. » Ou l’on apprend que la fortune du français a progressé de 13,5 milliards de dollars en 2010 et de 24,5 milliars de dollars en deux ans.

A qui profite le CAC? demande l’éditorialiste des Echos. Bonne question. Pas aux PME, pas à l’emploi. Alors? Ces chiffres donnent le tournis. Cette richesse est abondament commentée. Toujours plus de riches, plus riches. Toujours plus de pauvres, plus pauvres. Jetez un coup d’oeil sur la collection des docs-citoyens. Quelques films plus loin, vous n’en croyez pas vos yeux et vos oreilles. Le progrès tant espéré, tant vanté, tant attendu, n’apporterait que cela : une richesse de plus en plus insolente, une misère de plus en plus visible et violente..

Que faire? s’indigner? cela ne suffit pas. Stéphane Essel, l’auteur du best-seller à la mode, va publier « Engagez-vous » qui devrait nous donner quelques pistes. Mais c’est la lecture d’un économiste, normalien et jésuite- oui vous lisez bien, jésuite, de la célèbre Compagnie de Jésus- qui me réjouit ce matin. Des pages lumineuses, racontant une conférence tenue devant des élèves de l’X, l’école Polytechnique. Les banques du monde entier s’arrachent ces polytechniciens pour leur compétence en calcul, ces calculs qui font la fortune des banques et le déchaînement des crises.

Dans ses pages, Gael Giraud analyse la crise financière, ses raisons, ses enchainements. Il propose de limiter cette richesse, de la redistribuer. Il ose dire aux puissants l’iniquité de leur richesse. L’inutilité de cette accumulation. Le risque encore de cette injustice.

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les mots et les images

Il y a encore quelque temps ( mais peut-être était-ce il y a très longtemps), j’étais un voyageur, un lecteur, un spectateur. Depuis quelque temps (mais peut-être est-ce depuis longtemps déjà) lorsque je prends le train, ou l’avion, je suis un client, lorsque je demande un renseignement dans l’espace culturel, je suis un client. Au cinéma même, avec ma carte illimité, j’ai un « produit » censé m’aider à voir plus pour moins cher.  Client, j’ai affaire à un vendeur, j’achète un produit.

Il faut le dire, vous l’aurez compris tout de suite, je ne sens pas d’amélioration à avoir changé de statut. Le service offert au client du train n’est pas meilleur, la passion nécessaire entre celui qui propose une oeuvre( livre, film, documentaire) et celui qui la désire, ce fameux spectateur ou lecteur rarement identifié mais toujours mythifié, a trop souvent disparu. Pas de nostalgie dans ces réflexions, simplement le sentiment d’une supercherie. Vendre n’est pas un laid métier. Je vous vends des films ou des livres ici même. Et si je ne vous les vends pas, ils n’arriveront pas jusqu’à vous, faute de moyens.

Du temps du voyageur, on me vendait bien un ticket au guichet de la gare.

Alors? Vous restez, pour moi, ce voyageur, voyageur des idées, des sentiments, des envies. Vous pouviez regarder par la fenêtre le monde qui défile, avec son cortège invraisemblable d’êtres humains- ce que nous sommes évidement- et devant ses histoires vraies ou inventées, vous pouviez enfin imaginer.  Client? Bof! Il y a des progrès qui n’en sont pas. Question de mot.

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Etre ou ne pas être, un vendredi soir au théâtre du Châtelet

Une cérémonie de remise de prix est toujours injuste, celle des Césars le fût évidemment: Potiche, Tournée, Mamuth, l’Arbre repartaient bredouilles. Lambert Wilson, Catherine Deneuve, Matthieu Amalric attendaient les derniers instants, en vain. Regrets déjà de ne pas voir Charlotte Gainsbourg ou Catherine Deneuve reconnues pour leurs magnifiques interprétations.  Elles méritaient bien le César de la meilleure actrice au même titre que Sarah Forestier. De mon point de vue évidemment.

Un point de vue que l’ensemble des votants des Césars n’a donc pas partagé. Étrangement alors que Des hommes et des dieux, largement favori avec 11 nominations, pouvait espérer plus: par exemple meilleur acteur, meilleur réalisateur, il ne recevait que 3 oscars, mais cerise sur le gateau comme le disait joliment Antoine de Caunes, il obtenait le César du meilleur film. C’est la prestation de Michael Lonsdale, meilleur acteur dans un second rôle, qui reconstitua sur scène, en quelques mots justes et émouvants, la grâce du film.

C’était injuste parce que tous ceux qui méritaient de gagner étaient en trop grand nombre. De cette injustice, le cinéma français sort gagnant. On a vu hier soir sa richesse.

Etre : Leila Bekhti, si émouvante et forte, dans Tout ce qui brille– mais d’ou sortait-elle sa robe?- Polanski, venant deux fois sur scène, pour le parfait The Ghost Writer. Eric Elmosnino, meilleur acteur, saisissant Gainsbourg ( Vie héroïque). Anne Alvaro, meilleure actrice dans un second rôle pour l’étonnant Bruit des Glaçons. Il y avait quand même beaucoup de monde à la fête. Etre encore, Antoine de Caunes, maitre de ballet pince-sans-rire, regardant pour la septième fois de sa carrière les remerciements s’empêtrer.

Xavier Beauvois montait enfin recevoir le prix du meilleur film. Quelques mots intempestifs- fichue habitude de transformer la scène en tribune, même Antoine de Caunes, à notre surprise,  n’y échappera pas- les « moines », hélas, ne seront pas appelés à le rejoindre.

Hyper favori, il avait attendu jusqu’au dernier instant ce prix qui aurait pu lui échapper. Cannes et sa palme ratée de justesse devait être là bien présent. C’est fini. On pense à ceux et celles qui nous ont émus, Ludivine Sagnier et Diane Kruger, dans Pieds nus sur les limaces, oubliées du premier tour, à Romain Durys dans l’Homme qui voulait vivre sa vie, et puis…

Etre ou ne pas être, une éternelle question. Nous en étions, devant notre petit écran, nous en serons demain dans les salles obscures.

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« La Chine est encore loin »

le titre du film de Malek Bensmaïl réalisé en 2010 ne laisse guère présager de son histoire: à travers le village, d’ou est parti le signal de l’insurrection algérienne en 1954, le documentariste livre un état de l’Algérie d’aujourd’hui. Oui, la Chine est loin, peut être même s’en éloigne-t-elle un peu plus chaque jour! La schizophrénie semble s’être emparée de ses habitants : enfants criant chaque matin l’hymne à la gloire des moudjahidines, « martyrs » de la révolution, vieux parlant de l’exécution de l’instituteur Monnerot le 1 septembre 1954 dans les gorges à l’entrée du village, comme d’un accident, jeunes rêvant d’un autre monde, l’Europe, la France… la Chine est encore loin!

Dans l’Algérie contemporaine, il n’y a plus que ruines et désolations, celles d’un pays miné par la corruption et le chômage. L’Algérie, pays riche de son sous-sol, de ses plaines qui en faisait déjà du temps des romains le grenier à blé de la Méditérannée, n’a plus d’espoir que dans une nouvelle révolution. Le remarquable documentaire de Malek Bensmaïl nous décrit mieux que n’importe quelle analyse économique le drame de l’Algérie.

Dans « Algérie(s) » documentaire réalisé en 2004, il revenait à la guerre civile des années 80/90, décryptant les enchainements, qui depuis l’indépendance de 1962, mènent le pays au bord de l’abime. Ce travail, loin des clichés habituels sur l’Algérie et sa période contemporaine, est à voir absolument si on veut mieux comprendre nos voisins d’outre méditérannée.

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collection engagée

nous nommons sous cette appellation ou celle des docs-citoyen, les documentaires qui « s’engagent » en décrivant notre monde, montrant et analysant ses symptômes. Engagés, Cochon qui s’en dédit, China Blue, la Stratégie du choc, Solutions locales pour un désordre global, J’ai très mal au travail, Ces fromages qu’on assassine, Ecologie: ces catastrophes qui changèrent le monde. Films-documentaires qui fouillent, écoutent, alertent.

Ils ne nous laissent pas indifférents, ils nous donnent des pistes. Nous pouvons à notre tour nous engager. Consommateurs d’abord, nos choix sont essentiels. Le choix du bas prix dans le linéaire d’hypermarché qui supprime nos usines – et détruit à son tour nos métiers- parce que ce produit vient de Chine dans des conditions de production aberrantes. Cela pour le profit des intermédiaires et non pas du consommateur- salarié, contrairement à ce que ses vendeurs-profiteurs de talent veulent leur faire croire.

Le documentaire Ces fromages qu’on assassine le montre à chaque image. Mais à l’autre bout de la chaîne China Blue l’explique aussi de manière saisissante.  La globalisation et le grand marché ultra libéral ne profitent qu’à quelques uns. S’engager demande un effort. Quotidien! Pierre Rabhi parle de sobriété et de frugalité pour préserver la planète, peut-on simplement parler ici de multiples petits gestes, ceux du citoyen-consommateur.

Allons au delà de l’indignation, engageons-nous!

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