C’est pas du jeu!

c’est le titre d’abord d’un passionnant film documentaire que nous sortons en DVD, d’Alice Langlois et Pascal Auffray, une plongée dans l’univers d’une cour de récréation d’une maternelle du 13° arrondissement à Paris. « On dévore avec appétit cette petite heure d’injonctions exquises et d’échanges délicieusement absurdes. Grands comiques, les loupiots sont aussi d’excellents tragédiens, capables d’une immense palette d’émotions. […] On salue le travail des réalisateurs, qui captent avec talent la naissance des relations sociales, dans une enfilade de saynètes toutes succulentes. » nous dit Télérama. Qu’ajoutez de plus ? plein de choses évidemment, mais c’est surtout pour moi l’occasion de revenir à l’édition, quelle soit celle de films et documents proposés sur DVD ou en ligne ( Montparnassevod) ou de livres proposés par Carnets Nord, maison sœur de Montparnasse.

L’idée repose d’abord sur celle de sélectionner ce que nous aimons avec un dénominateur commun : un programme, un texte, « populaire et de qualité ».  Il y a 25 ans, en éditant en vidéo, le remarquable film de Fréderic Rossif et Philippe Meyer, De Nuremberg à Nuremberg, ce slogan, populaire et de qualité, nous est venu spontanément à la bouche. De qualité, il l’était. Populaire, il allait le devenir. Il en avait tous les ingrédients. Le discours de fond, le style d’écriture, la dramaturgie des images. Nous étions emportés par ces images en noir et blanc, cette musique, le commentaire des auteurs. « 3 heures d’images foudroyantes » disions-nous au public. Le succès ne s’est jamais démenti. De Nuremberg à Nuremberg demeure la référence documentaire sur la montée et la descente du nazisme, du drame de la deuxième guerre mondiale.

Revenons un instant sur ces mots: De qualité. Que signifie cela pour un éditeur? un engagement d’avoir un niveau d’exigence quand au contenu et à sa réalisation. Ensuite, Populaire?  peut-être simplement de donner le plus de visibilité à ce contenu. De vous le faire connaitre, au plus grand nombre. De savoir vous dire, cela vaut le coup, croyez-nous. D’engager donc notre crédibilité. De comprendre aussi les goûts de chacun. Nous avons des goûts différents, éclectiques souvent, et nous nous croisons sur des partages communs. J’aime, vous aimez, nous aimons, des comédies, de l’art, des films d’auteur, des livres romantiques… j’aime, nous aimons, ce soir là un divertissement, et demain ou cette nuit un texte difficile ou un documentaire sur la misère dans le monde.

Paradoxe des paradoxes. La vie de l’éditeur et la difficulté du lecteur, spectateur ou consommateur. Que choisir pour l’un, comment faire connaître pour l’autre. Prenons un auteur, écrivain exigent et de grande qualité, peu connu du grand public, Richard Morgiève. Le Monde des livres, la semaine dernière a consacré une critique enthousiaste à son dernier livre, Love, une histoire d’amour sur fond d’Apocalypse numérique. Une écriture ciselée, des phrases poétiques et précises, des sentiments violents. Morgiève ne cesse de dire au lecteur à quel point dans la violence, l’amour est indispensable. Remarquable United colours of crime, échevelé Boy, –  et Love enfin, qui termine ce triptyque sur le monde contemporain. Nous sommes sûrs que Morgiève, que trop peu d’entre vous connaissent, sera reconnu un jour par le grand public. En attendant, il écrit, nous le publions. Et nous faisons notre métier. Terminons sur un extrait de la critique de Xavier Houssin, dans Le Monde des livres :  Le conte tragique, la fable douloureuse qu’il a écrit ici, incroyablement s’éclaire. Love, un roman d’amour ? Avec lui, on se met à croire en ce que l’on espère. « Dans dix mille ans, tout serait propre et pur. » Après tout, l’Apocalypse est une révélation. 

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