Jean-Jacques Goldman est-il un « Z » ?

L’étrange polémique autour de la chanson de Jean-Jacques Goldman pour les Enfoirés, a fait resurgir le proverbe: si jeunesse savait, si vieillesse pouvait!  Jean-Jacques Goldman, s’il rappelait les belles heures de la génération des baby-boomers, disait à la jeunesse d’aujourd’hui, malgré le chômage, la crise, le scepticisme, la pollution, les guerres…de ne pas perdre espoir, de compter sur elle-même, et même plus, exhortait les jeunes à prendre leur destin en main, sans se victimiser. Goldman sait et peut. Il s’en est sorti, lui, à la force des poignets, avec le courage qui a aussi créé le talent et su rencontrer les circonstances. Il a de la chance, c’était le belle époque ou tout était possible, disent ses détracteurs, oui, mais pas que! Il n’est pas resté les bras croisés. Est-ce injurier ceux qui n’ont pas sa chance, que de rappeler que l’Histoire est faite de conflits et de violences, et qu’il s’agit de vivre, de tenter de vivre avec espoir.

Au seul Siècle dernier, la Belle Époque précéda la Première Guerre Mondiale, une boucherie avec deux millions de morts en France, dont les joyeux insouciants de cette soi-disant Belle Époque. Les Années Folles dansèrent pour la suivante, si dévastatrice. Les générations X, Y, et maintenant Z, ne les ont pas connus ces effroyables moments. Les parents et grands-parents des baby-boomers, oui. Celle-ci connut le sida qui arrêta net la libération sexuelle, avec les trentenaires des années 80 touchés par milliers. Ils l’ignoraient cette maladie, encore souterraine. Il y eut encore la Guerre d’Algérie, la menace nucléaire suspendue au-dessus des têtes de la Guerre froide, une rigueur morale jusqu’en mai 68 (1) que les suivantes ne connaitront pas.

Un drôle d’article dans le magazine Elle met en relief cette génération Z, les enfants d’internet, qui ont 20 ans aujourd’hui, et qui dévorent le monde sans complexe. Pauvres X que le magazine qualifie de  » sensibles » et « désemparés » se sentant victimes de leurs parents. Pauvres Y ( Pourquoi? Why,en anglais), plutôt désœuvrés et cyniques : le monde ne vaut pas le coup. Voici donc les Z, la génération deux points zéro, qui croient en eux, qui transforment le pourquoi des Y en Pourquoi pas ? Ont-ils raison? Sûrement en partie, et pour cette part, suivent Jean-Jacques Goldman dans sa chanson. On se débrouille, on n’attend rien de vous, disent-ils. Finalement, le pire c’est de ne pas croire en soi. A 20 ans, Jean-Jacques Goldman aurait été un Z, sûrement! Peut-être l’est-il toujours.

(1) le 29 novembre 1974, Simone Veil, ministre de la justice du gouvernement Chirac, fait voter à l’arraché, la loi sur l’interruption volontaire de grossesse, l’ IVG. les éditions Montparnasse proposent en DVD, La Loi, le magnifique film avec Emmanuelle Devos, réalisé pour célébrer 40 ans plus tard cette mesure « révolutionnaire ».

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