Les Prix d’automne

Les Prix littéraires, Goncourt, Renaudot, Médicis, Interallié et Grand prix de l’Académie française, pour ne parler que des plus prestigieux, sont des prix d’automne. Ils sont comme les feuilles des arbres ces jours-ci : flamboyants, aux couvertures de toutes les couleurs du rouge, jaune, crème et encore vert. Les feuilles hésitent encore sur l’arbre, certaines tombent doucement. Cette saison qui précède l’hiver est la plus somptueuse, même si les autres  saisons jouent bien leur partition. Celle des Prix est semblable. La tête nous tourne devant les tables des libraires, les candidats à la récompense. On veut oublier ceux que l’hiver enterrera rapidement pour ne regarder que les lauréats. Injuste ! me dit l’auteur d’un texte magnifique  qui ne figure pas dans la dernière liste. Oui, injuste et nécessaire. Tous ne peuvent pas être couronnés. Le premier ne sera pas forcément le meilleur à mes yeux, mais peut-être si aux vôtres, et espérons à ceux des jurés!

Nos goûts – et ceux des jurys encore plus- ne sont pas objectifs. C’est le charme de la vie, ce qui assure sa diversité. Choisir ? Le jury, pas plus que vous ou moi, n’a tout lu. Comment fait-il donc alors? Cela reste un mystère, même si certains nous disent: mais si, dès avril on sait par la rumeur, ceux que les métiers du livre désignent, qui susciteront de l’intérêt, plaira. Au final, le primé sera dans une des grandes maisons d’édition, comme si il ne pouvait émerger que de là! Moi-même, je vais choisir ceux dont on parle. 2084, la fin du monde, le plus étonnant pour moi par le style et l’histoire, métaphore apocalyptique d’un Islam ( jamais désigné comme tel) totalitaire. L’écriture de l’algérien Boualem Sansal est juste, poétique et sombre encore. Il y a un coté « Conte des mille et une nuits » par le labyrinthe qui nous est proposé. 2084 vaut-il le célèbre 1984? La seule chose c’est que les dates se veulent annonce identique d’un monde totalitaire sans que l’une et l’autre fixent le moment ou cela arrivera. 2084 peut arriver demain, ou jamais! Boualem Sansal n’était plus dans la dernière liste du Goncourt, quel dommage! mais vient d’être heureusement couronné par le Grand prix de l’Académie française.

L’autre roman que j’ai aimé nous renvoie lui dans un passé moyenâgeux, milieu du XIV° siècle; La Terre qui penche de Carole Martinez . Son monde à elle est féerique et violent. Il présente sur ce point quelque analogie avec 2084. Ses héros sont surtout des héroïnes, une rivière, qui descend des contreforts du Jura, que peu d’entre vous connaissent, La Loue – mais dans laquelle je me suis baigné, il y a quelques années- elle est vivante, colérique, assoupie, aimante, elle se déguise même en humaine, elle l’a été… et puis une petite fille qui nous parle du Pays des morts, mais chut, pas plus, l’amour est là, fort, étonnant, courtois, cru, je vote pour Carole Martinez et Boualem Sansal et …

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