le plaisir de découvrir un grand cinéaste, Jean Gaumy.

Quand le générique de fin commence son déroulement, parfois on le regrette, parfois on aimerait rester dans cette atmosphère qui nous a prise pendant une heure, deux heures. C’est vrai pour un film ou pour un livre. Mystérieuse alchimie que nous procure une sincérité, une sensibilité, un talent. L’histoire dont j’ai peine à sortir est celle que nous raconte Jean Gaumy dans une série documentaire «  Sous-marin »,  réalisée en 2005 et diffusée sur Arte à la même époque. Elle fera partie de l’édition DVD des œuvres que nous vous proposerons dans quelques mois. Je tourne autour de ces impressions d’après visionnage, d’après découverte.

Cinq épisodes, les hommes à l’épreuve, le bateau aveugle, le temps immobile, la guerre virtuelle, le dernier rivage. Cinq titres parfaits pour exprimer une vie, une ambiance, des questions, un danger, un bonheur. Voilà à Toulon, un sous-marin, La Perle, qui va appareiller pour quatre mois, et déjà la vie est là, réelle, vivante, suspendue. Réalité, l’arme, le danger, l’objectif pour 80 hommes. Le sous-marin nucléaire a une mission, eux un départ. Des ordres, des adieux. Pendant plusieurs jours des simulations d’accidents amènent l’équipage à comprendre et réagir. Réflexes, conscience. Visages. Exiguïté et vivre ensemble.

Un visage serein, déterminé, faussement enfantin, réellement jeune, le commandant de ce bateau, le capitaine de frégate, Guillaume Martin, 39 ans, 17 000 heures de vie sous-marine, presque deux ans en plongée, dit-il sans commentaire superflu. Il assume. Il donne confiance. Pendant les quatre mois d’embarquement des cinéastes, quand nous rencontrerons son regard, que nous entendrons sa voix, nous sentirons cette confiance du sous-marin. Nous l’imaginons, recours ultime, arbitre, commandant. Dans toutes les situations. Et celles-ci sont posées par la caméra de Jean Gaumy. Cet univers si étrange, vivant à 300 mètres de profondeur, monde d’hommes, monde invisible, aveugle mouvement, qui nous semble si fragile, si inconséquent presque : pourquoi être là? Regardez, écoutez, cette  scène surréaliste et bien réelle des officiers face à leur mission: La dissuasion, c’est de ne pas envoyer le missile nucléaire, l’envoyer, c’est se venger et c’est trop tard, nous avons perdu. Alors pourquoi l’envoyer? pour obéir à l’ordre? 

Après Jean Rouch, Ariane Doublet et bien d’autres, nous allons vous proposer en 2016, les œuvres de deux grands cinéastes, Mario Ruspoli et Jean Gaumy, un régal!

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