La fin d’un monde, celui qu’annonce Carrefour

Le 15 juin 1963, Carrefour ouvrait son premier hypermarché à Sainte Geneviève des bois dans la région parisienne. Ainsi commençait une aventure qui allait profondément changer la France. Le succès, très vite au rendez-vous, entrainera des conséquences gigantesques sur la géographie française. Il a beaucoup été dit sur cette histoire, j’en retiendrai l’affrontement entre les tenants des prix bas, toujours plus bas en faveur du consommateur et ceux qui dénoncent la destruction de l’industrie française, du commerce local, et en définitive des emplois.

Pour ceux-là,  la consommation à quel prix?  Pour nourrir cette consommation concurrentielle, les hypermarchés se détournent de la production française, vont chercher ailleurs, créent l’Usine chinoise, et celles des pays à très bas coût de main d’œuvre. Des pays qui n’offrent pas les salaires et les avantages sociaux  de la France. Les bas prix ont un prix que personne alors ne prend en compte. Pourtant très vite les effets se font sentir, fermeture d’abord des usines textiles du Nord, tout le tissu industriel français suivra.

Etrangement, les mêmes qui perdent leurs emplois se précipitent faire leurs courses à l’hypermarché, y achètent les produits importés, se frottent les mains de pouvoir remplir toujours plus leur chariot grâce à ses produits dont les prix ne cessent de descendre. Ils semblent ne pas faire le rapport entre l’un et l’autre. Les hypermarchés auront deux défenses, répondre avec ces immenses surfaces à la demande du consommateur, développer l’économie en accélérant les ventes. Est-ce vraiment un avantage? A quoi cela sert d’augmenter la consommation si cela ne profite pas à l’emploi?

Un monde disparaît, celui-là qui a vidé les usines, les centre villes sans aucun remords, avec un cynisme et une efficacité remarquables. Il disparaît devant encore plus destructeur, celui du magasin en ligne, sans salariés ou presque, et nous lui achetons sans savoir ce que nous faisons. Quand le consommateur deviendra-t-il un citoyen conscient de ce qu’il fait, de ce que son geste entraine ?

 

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