le droit de « repentir », De Montauban à La Brindille

ou encore celui de revenir sur un sujet mal traité. Allons j’avais volontairement été bref dans mon blog précédent. Mettre la distance qui convient sur un sujet douloureux, violent, actuel. La tuerie de Montauban et Toulouse demandait que nous ne commentions pas. Du moins pas dans ce blog. Pourtant cela nous touchait tous. Au point de nous arrêter dans nos activités, de ménager nos paroles, nos commentaires.  Dans La Croix du 6 avril, Bruno Frappat revenait, éditorialiste oblige, sur l’évenement. En soulignait l’horreur certes mais aussi la dignité contenue ici et là, notamment les paroles du Président de la république lors de l’hommage rendu aux parachutistes assassinés à Montauban.  » Il parlait juste et il fallait un coeur très sec pour ne pas sentir monter en soi des larmes pauvrement huamines. » Bruno Frappat ajoutait: « Il y eut bien quelques gricheux pour oser dire qu’il faisait mine d’être ému. Absurde! Il l’était à l’évidence.  » Nous étions nous aussi émus, profondément. La politique dans le sens noble surgissait devant nous.   

 Dans Le Monde, c’est l’écrivain Olivier Rollin qui s’insurgeait contre la dérive des mots  dans les médias. « Certains parlent d’un gamin lorsqu’ils évoquent Mohamed Merah, un gamin! traite-t-on de gamins les SS de 20 ans qui assassinèrent les juifs en Ukraine ?  » ajoutait-il.

Finalement les trois lignes de mon blog sur le film de Youssef Chahine me suffisent. Youssef Chahine livre le récit immuable du risque fondamentaliste. Ceux-ci obtiendront la tête du philosophe Averroès, ses livres seront brûlés, la tolérance aura vécu! Les « révolutions » en cours dans les pays arabes voient surgir le même risque: condamnation des télévisions « impies », mise au pilori des « infidèles ». Il faudra beaucoup de courage et de clairvoyance aux peuples arabes pour éviter l’autodafé renouvelée d’Avérroès. Sinon les femmes devraient à nouveau courber la tête, subir la domination machiste…

Droit de repentir, disais-je. En voilà un, celui surgit d’un DVD du coffret des Césars, celui d’un film vu ni à sa sortie, ni dans le visionnage de ce coffret en janvier dernier. Celui échappé pour cause de non-visibilité. Et pourtant, il faut voir La Brindille d’Emmanuelle Millet. Je n’aime pas les critiques ou les résumés qui me racontent le film à voir! Censée donner envie, me guider, en fait souvent trop précise la critique peut retirer l’effet de surprise. Une jeune comédienne, Christa Théret, formidable dans un rôle difficile. Rigoureux, juste, tendu à l’extrême, le film nous entraîne dans une réalité propre à la femme et à la jeunesse. Je ne veux pas vous en dire plus. Mais l’émotion est là, sensible et forte. Une belle découverte. Qui réconciliait avec un vrai regard, celui sur la tendresse et l’humanité de la vie, loin de l’absurdité de la tuerie de Montauban.

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