Que d’eau, que d’eau !

Dérèglement climatique certes, mais bien déconcertant. Sécheresse et/ou inondations, conséquences de ce changement? Dans ce coin du Périgord ou nous passons quelques jours, comme dans la plupart du pays, le sujet est : que d’eau, quand cela va-t-il s’arrêter? Un rayon de soleil ce matin redonne du goût à tout, et à tous ; partir dans les sous-bois à la recherche du petit noir, ce cèpe parfait et caractéristique du chapeau qui lui donne son nom, ou des girolles cachées sous les feuilles sèches, couleurs se confondant. La terre est humide, chaude malgré des nuits fraiches. Les matinaux sont déjà passés, me laissant bredouille et quand même enchanté. Tout sent, odeurs du bois, de la souche de châtaigner abattu par les orages et la vieillesse. Déjà à moitié enfouie, elle nourrit les innombrables insectes qui courent dans ses veines mortes. L’arbre qui s’élançait encore il y a quelques années dans le ciel, avec ses feuilles nous faisant respirer, qui produisait ses fruits pour hommes et animaux, retourne maintenant à la terre, travail jamais fini du cycle de la nature.

Que d’eau, que d’eau… nous dit notre voisine B. avec son éclatant sourire. B. est heureuse. Elle prend le meilleur de la vie. Une vie mouvementée qui a trouvé son bon port il y a quelques années. Là, à deux kilomètres de notre maison, sur les bords de l’autoroute en construction où elle a rencontré R., conducteur de travaux. Lui, comme un marin, s’est arrêté pour refaire sa vie avec elle, fille du pays. Ils ont construit eux-mêmes avec patience et ingéniosité, tels de nouveaux Robinson, leur maison du bonheur. Une caravane plantée cent mètres au-dessus du flot du progrès, en lisière de bois. De cet endroit improbable, sans eau, sans électricité, connectés à rien, leur volonté et leur désir ont créé la vie. Une éolienne monte la pression, un groupe électrogène tourne le temps qu’il faut.  Ils font tout pousser de cette terre sableuse, et nous donnent toujours quand nous passons quelques légumes de l’amitié. Ils sont autonomes ou presque. R. sait tout faire, possède tous les instruments nécessaires pour couper, débiter, déplacer bois et terre. Seul regret de B. pour cette année: il n’a pas gelé cet hiver, la terre n’a pas éclaté sous l’effet du gel. D’habitude, le froid élimine les vermines. Pas cette année. Les insectes mangent tout.

Jamais je n’ai vu la campagne si verte. Les foins coupés font déjà place à un regain abondant. Le Périgord froid l’hiver, sec l’été, cette année a perdu la boule. Pour nous vacanciers, le soleil enfin…

 

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