J’aime le paysan nourricier.

Nous éditons les superbes documentaires de Jean-Claude Bringuier sur les paysans. Des Paysans, tournés en 1978, montrent l’amour de la terre, la condition difficile d’hommes qui revendiquent aussi la liberté de leur vie, esclave de la terre, libre de mes mouvements, répètent-ils à leur façon, toutes différentes. Ces portraits sont réalisés alors que la mutation, entreprise 20 ans auparavant, s’achève. Le production intensive fait du paysan, un exploitant agricole, ou la machine remplace les bras, ou les surfaces s’allongent, ou engrais et pesticides améliorent la productivité. Les paysans de Bringuier disparaissent. Ils ne servent plus à rien, pense-t-on!

Les violences autour de la retenue d’eau de Sivens montre qu’il n’en est rien.  Quel rapport, me direz-vous? Simplement que défenseurs de l’environnement et exploitants agricoles devraient peut-être reprendre une autre vision de leur combat. Ces derniers ont besoin de l’eau pour arroser leurs productions, des centaines d’hectares de maïs notamment, plante implantée là à grande échelle pour contribuer au système de la PAC. Et ils sentent injustement attaqués dans leur travail, leur mode de vie. Ne sont-ils pas des producteurs qui nous nourrissent. Sont-ils pour autant les successeurs des paysans de Bringuier? Non évidemment, ceux-là, consciemment ou pas, ne déséquilibraient pas l’environnement au contraire de ceux-là. Il faut et il suffit que ces exploitants agricoles changent de prisme, qu’ils redeviennent des « paysans », et le maraîchage des AMAP montrent que c’est possible. Que l’on peut changer, révolutionner son système.

Les défenseurs de l’environnement doivent se rapprocher de la nature. De nombreux combats sont justes, mais certains d’entre eux par ignorance même de la réalité et de ses paradoxes engagent des luttes étranges. Les chasseurs contribuent aussi à l’équilibre – la préservation des « grands animaux » fait des ravages dont l’un d’entre eux, la tique qui entraîne la douloureuse maladie de Lyme dont ils sont porteurs, montre bien que l’ignorance, comme l’enfer, plein de bonnes intentions, est dangereuse. Il y a de nombreux exemples de ces positions outrancières. Même si le principe général demeure vrai. La planète Terre est en danger. Et ses habitants menacés, tarte à la crème, qui ne nous empêche pas, au contraire, de foncer vers l’abîme. Écoutons les paysans d’aujourd’hui, ceux qui protègent la terre, la nourrissent et nous nourrissent, en conservant les équilibres.

 

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