8 mai 1945, la fin d’une guerre mondiale?

Nous n’en finissons pas de commémorer. L’Histoire est un beau moyen de contempler l’humanité, sous toutes ses formes. Hier soir, vendredi 8 mai, un documentaire retraçait les derniers mois de la 2° guerre mondiale, de juillet 1944 à l’armistice du 8 mai 1945. Nous avons bon savoir l’essentiel – De Nuremberg à Nuremberg, 3 heures d’images foudroyantes, l’avait si violemment et si parfaitement raconté- revoir ses images étaient un choc. Choc devant les horreurs de la guerre, de cette guerre sans pitié, choc devant les peuples, leur capacité à l’inhumanité, leur engagement dans l’horreur. Foules allemandes levant le bras dans le cri: heil Hitler, soldats soviétiques violant, massacrant, enfants et femmes, ne laissant que l’horreur derrière eux, choc devant le cynisme du « libérateur » Staline, choc encore à posteriori devant l’aveuglement des occidentaux. A la peste brune succède la peste rouge, mais les intellectuels de gauche français refusent de voir la vérité étalée sous leurs yeux, les massacres des polonais après les procès de Moscou.

Dans ces derniers mois de guerre, alors que la folie d’Hitler emmenait son pays au désastre final et suicidaire, ce peuple, aveuglé et terrorisé, se battait encore avec une énergie inouïe. Des millions d’allemands mourraient, en résistant pied à pied. Je me disais que l’Allemagne montrait, pour la pire des causes, des qualités exceptionnelles. Comment et pourquoi ce peuple de philosophes et de musiciens,  ce peuple arrivé au plus haut degré de la culture européenne, avait pu succomber à la plus épouvantable des barbaries? Le général américain Patton découvrant l’horreur du camp de concentration, lui qui en tant vu, vomit devant ce qui deviendra l’indicible. Il obligera les populations allemandes, notables en tête, à venir « visiter » ces lieux de mort, voisins de leur vies quotidiennes. Sur ce siècle d’horreurs, tout a été dit, redit. Cela empêchera-t-il qu’un jour cela ne recommence? Évidemment non, d’ailleurs cela s’est-il jamais arrêté?

L’Europe connait la paix depuis 70 ans – à l’exception du conflit de l’ex-Yougoslavie- une parenthèse heureuse. La démocratie a triomphé par KO du communisme, et libéré les pays de l’ex bloc de l’Est du joug soviétique. Les valeurs de cet humanisme, la liberté individuelle, la démocratie, l’égalité des sexes, le pluralisme religieux, sont reconnues comme fondamentales. Mais à nouveau menacées, nous dit l’intellectuel de gauche américain Michael Walzer dans une tribune intitulée Cette gauche qui n’ose pas critiquer l’islam,  publiée dans le Monde du 8 mai. L’intellectuel Emmanuel Todd entre bruyamment dans ce débat à travers son essai sur la manifestation Je suis Charlie du 11 janvier. Ce jour là, nous dit-il, les 4 millions de français étaient « blancs », de culture chrétienne et s’opposaient à l’islam, religion des opprimés.

Les réponses à cette interprétation sont de tous ordres. Le premier ministre lui-même est monté au créneau, avec une grande vivacité. Le débat est crucial: défendre les valeurs! Un exemple donné par l’Histoire: en 1793, les troupes révolutionnaires, sous les ordres du général Hoche, soumirent par la violence les pauvres paysans vendéens, pour que les Lumières les libèrent de l’obscurantisme religieux, et de la soumission aux seigneurs et aux prêtres. Qu’aurait dit Todd et la gauche, des vendéens et de la république? La religion est l’opium du peuple, disait Marx qui en connaissait un rayon. Qu’Emmanuel Todd accepte qu’aujourd’hui les héritiers blancs du christianisme soutiennent les valeurs des Lumières, et manifestent le 11 janvier pour celles-ci.Il suffit que l’islam fasse de même, et que les musulmans viennent en nombre manifester pour ses valeurs. La question ne se posera plus, il n’y aura plus de contre, mais simplement des pour. Voir autrement pourrait sembler du racisme anti-blanc et nourrir les extrémismes. La paix est Une et Indivisible.

une réponse à Emmanuel Todd : l’extraordinaire  » Lettre ouverte au monde musulman » du philosophe de cultures française et musulmane, Abdennour Bidar ( Les liens qui libèrent), la plus belle et forte réponse à tous ceux qui doutent de la manifestation du 11 janvier. Une lettre émouvante, passionnante, unique par sa beauté et son engagement, par son courage aussi! Mais que les européens ne se réjouissent pas trop vite. Abdennour Bidar renvoie dos à dos un certain islam et un certain Occident….

 

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