« Le dernier des grands »,

Dans le journal Le Monde, qui consacre deux pages au médiéviste Jacques Le Goff, disparu le 1° avril, l’historien Pierre Nora lui rendait ainsi hommage.En lisant papiers et témoignages, je pensais à cette émission d‘Apostrophes, « le  Bien et le Mal« , contenue dans le coffret édité avant Noël, ou Jacques Le Goff, présentant son livre « La Naissance du Purgatoire », offrait une bonhomie souriante pour décrire le compromis entre le Paradis et l’Enfer qu’était le Purgatoire. L’intelligence et l’humanité brillaient sur le plateau d’Apostrophes. La pipe à la main, la voix assurée, Jacques le Goff revit pour nous, à coté de Georges Steiner, d’Anthony Burgess, d’Alain Daniélou, tous disparus depuis cette émission d’octobre 1981.

33 ans plus tard, la grâce d’Apostrophes est bien de nous transplanter dans un moment vivant, très vivant. Bien entendu, nous pouvons revoir des entretiens beaucoup plus longs, beaucoup plus denses, de chacun des intervenants, tous suffisamment célèbres pour que des heures de leurs pensées soient jalousement gardées dans les archives. Mais sur ce plateau, ils ne sont pas des archives, la vivacité et la simplicité nourries sur le plateau en fait un temps hors du temps. Plus je visionne les émissions d’Apostrophes, dont certaines, je l’espère,  feront l’objet d’autres éditions, dont nombre d’ intervenants sont morts – en tous les cas pour celles d’une période allant de 1975 à 1985- plus je suis frappé par cette force de l’émission littéraire de Bernard Pivot. Il n’y a que des vivants ici.

L’historien Jacques Le Goff savait nous rendre ce sentiment de l’espace et du temps, du déroulement des choses. Il nous donnait les bases de ce que nous sommes. Il ne prédisait pas l’avenir. Il nous disait ce que nous étions, d’où nous venions. Dans un entretien donné au Monde en 2000, il assure:  » J’ai découvert que le Moyen Age a été une période essentielle pour la formation de notre société et de notre culture (…) c’est au Moyen Age que se mettent en place l’essor urbain et les fondations de la ville moderne (…) que l’on voit naitre les université, ce phénomène urbain, et européen (…) Oui, je crois que notre naissance s’est produite au Moyen Age, qu’il s’agit de notre genèse »

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