Fantasque et créative, une exploratrice, un vrai doux, une bulle de champagne,

un musicien remarquable, dix mille projets, matheux et sportif, semeur et rêveur, généreuse et engagée, curieux de tout, un charme fou...et puis des visages, des noms. Ils ont vingt cinq ans, trente ans, quarante ans, un peu plus parfois. Depuis le 13 novembre,  chaque jour, Le Monde nous parle avec une photo et des mots, de quelques unes de ces vies arrêtées, en soulignant ce qu’elles étaient, ce qu’elles auraient pu être, ce qu’elles auraient dû devenir.  Ces vies reviennent un instant, si jeunes, si pleines d’ardeur, d’envies, de désirs. Leurs sourires, leurs regards nous atteignent en plein cœur. Pourquoi cet acharnement sur eux?

Ce ne sont pas les victimes d’un affreux accident, ou même d’un lâche attentat. Non, ce fut une exécution implacable. Tout a été dit. Rien n’a été dit sur la violence qui les a tués. Cette violence qui emplit l’Islam depuis les confins de l’Asie, et couvre ses immenses territoires de l’Orient et de l’Afrique, jusqu’à nous atteindre aujourd’hui en Europe.

Violence de la charia et/ou de la guerre de religion. Toujours dans Le Monde, celui daté du dimanche 29 novembre,  l’écrivain algérien Kamel Daoud, auteur de Meursault contre-enquêtesouligne l’ampleur de la menace islamiste, et la faiblesse de nos réponses. Il craint pour l’Algérie un prochain retour de l’islamisme qui gagne chaque jour du terrain. Pour lui, la situation de la femme est au centre du problème de l’islam.

Dans le monde arabe, nous avons trois liens défectueux : le rapport à la liberté, le rapport à la mort et à la femme. Nous sommes dans des sociétés qui refusent le « je » et l’individu. Le rapport à la mort est intoxiqué par l’offre religieuse. Reste le rapport à la femme. J’ai fini par comprendre que lorsque nous avons un lien simple avec la femme, nous avons un lien normal avec la vie, l’espace public, avec la liberté, avec l’amour, le désir et le corps. Pour moi, c’est l’indice majeur, le marqueur d’une société. 

D’autres écrivains et philosophes, arabes ou musulmans, demandent une réforme de l’islam, une acceptation par celui-ci, comme l’Église catholique l’a fait en son temps, des règles démocratiques. Cette réforme passe d’abord par la libération de la femme, par son accès aux droits identiques des citoyens. Une religion d’amour est d’abord celle de ce respect et de cette égalité. Ces écrivains sont tous menacés…en Algérie, en France, au Pakistan…ils sont fouettés en Arabie saoudite, assassinés en Tunisie, mis en prison en Turquie. Partout dans ces pays, les femmes sont voilées, signe de leur appartenance à leur condition religieuse.

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