Loin des Hommes, Grand Prix du Meilleur Scénariste

le scénario de David Oelhoffen reçoit à l’unanimité du jury le Grand prix du Meilleur Scénariste, le plus prestigieux des Prix Sopadin consacrés au scénario. Editions Montparnasse accompagne et soutient depuis 12 ans ces prix créés il ya 24 ans par Philippe et Barbara Maynial.

Au fil des ans, les prix Sopadin sont devenus le lieu de découverte de ce qui est le début du film: le scénario. Parmi la liste des scénarios couronnés: Le Nom des Gens, Séraphine, Va, Vis et Deviens, Depuis qu’Otar est parti, Y aura-t-il de la neige à Noël?  En 24 ans plus de 50 scénarios aboutissants à un film, une reconnaissance de toute la profession.

« Loin des Hommes » est librement inspiré d’une nouvelle d’Albert Camus, l’Hôte issue elle même du recueil « l’Exil et le royaume« . Nous avons aimé l’humanité et la rigueur de ce scénario, la justesse des rapports entre les personnages, la véracité du propos. On retrouve ici le ton d’Albert Camus, sa vision personnelle, déchirée, du conflit algérien, la violence de l’attachement à cette terre, l’impossibilité encore de la cohabitation entre les deux peuples. Dans les massifs montagneux de l’Aurès, au début de l’insurrection, un instituteur français est projeté malgré lui au delà de ses sentiments.

Ici aucun cliché, un ton rare.

Retrouvez l’intégralité du palmarès sur le site de Sopadin, et consultez les pitchs des finalistes .

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Le trio récidive

Après « Salut les copains » grand succès 2009 et toujours dans les bacs , Michel Poulain, Franck Lipsik et Bernard Ragon, notre trio de choc, récidivent avec « Nos Années télé« , 9 heures d’archives qui racontent en 3 dvd, l’histoire de la télévision de 1950 à 1980.

Nos auteurs-réalisateurs se sont replongés dans leurs souvenirs, visionnant les belles heures de la télévision, actualités, dramatiques, jeux, magazines, figures légendaires – dont l’ancienne speakrine aux fou-rires, Denise Fabre, qui tient le fil rouge de ces DVD- toute une époque revit. Difficile ici de vous citer parmi les 400 extraits sélectionnés, celui qui vous fera vibrer le plus.

Comment choisir entre Zitrone perdant ses lunettes pendant Intervilles, le couronnement de la reine Elisabeth d’Angleterre, Thierry la fronde et tant d’autres. Ne pas choisir, regarder, suffit. Ils sont tous là, nous montrant aussi l’évolution non seulement de la télévision mais de notre temps. Ce n’était pas mieux, c’était autrement. Mais quand même quelle nostalgie en noir et blanc comme en couleurs!

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« La déferlante Thomàs Gonzàlez: Un livre d’une rare puissance »

Dans mon blog du 16 Octobre, je présentais rapidement cet auteur colombien que publie Carnets Nord, notre société soeur consacrée au livre. Dans le supplément livres du Monde daté du vendredi 12 novembre, Nils C. Ahl qualifie ainsi l’oeuvre de l’écrivain colombien, à l’occasion de la publication en France de son roman, « Au commencement était la mer ».

Il ajoute: D’une pureté trompeuse, ce roman de Thomàs Gonzàlez est indéniablement la révélation des « Belles étrangères » dédiées cette année à la Colombie. Et plus loin il termine sa critique sur ces mots: Un livre d’une rare puissance

 Dans Libération du 11 novembre, Philippe Lançon raconte le parcours de cet écrivain qui publie en Colombie son premier livre en 1983, à 33 ans et qui vit de multiples boulots tout en écrivant sans cesse.

Quelques extraits d’ Au commencement était la mer, notés par Philippe Lançon:

« Le soleil orangé apparut lentement sur l’horizon. On percevait l’odeur de la viande cuite, les cris des chiens et des coqs. Salomon et son fils ramaient au large. Le monde brillait dans les yeux de J., fabuleux. »

« En général, la propriété ressemblait plus à un bateau immobile, sans destination précise. Ce n’était pas un problème aux yeux de J.; il n’avait jamais prétendu s’enrichir grâce à cette terre-c’était impossible, il le savait- et n’avait jamais aspiré , sous un climat si chaud, si luxurieux, au règne de la rationalité. En fait, il était venu ici pour fuir une certaine forme de rationalité avilissante, aussi stérile que le pétrole, l’arrivisme et le béton. »

« L’odeur profonde de la mangrove que le vent amène parfois. L’odeur musquée et résineuse des crabes morts pas encore desséchés (…) Et désormais l’odeur du bois tout juste coupé, mélangée aux vapeurs d’essence, l’essence qui stérilise, brûle et chasse la vie. »

PS. l’ordinateur ne permet pas de reprendre correctement l’accent sur le a de l’espagnol, bien entendu à l’inverse de celui figurant ici sur le nom de l’auteur.

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« notre rôle n’est pas d’être pour ou contre, il est de….

porter la plume dans la plaie. » En choisissant cette phrase du journaliste et écrivain Albert Londres pour illustrer cette édition exceptionnelle des « Grands Reporters« , Vianney Delourme, directeur éditorial de Montparnasse, nous rappelle aussi que le journaliste, le reporter, est d’abord un témoin. Son témoignage n’est pas au service de son opinion, mais de la vérité. Ce qu’il voit, entend, découvre. L’humanité.

Les 26 films de ce coffret, tous lauréats du prix Albet Londres, prix prestigieux fondé pour l’audiovisuel en 1985, témoignent bien de cela. Du talent aussi. Impossible de citer les uns sans les autres. Chaque reportage porte la « patte » de son auteur, couvre les cinq continents, montre l’horreur de la guerre comme la puissance de la vie.

 Chaque film est un apport à notre compréhension de l’humanité, avec une permanence, celle d’Albert Londres : la nécessité de l’éthique, le regard en profondeur. Et puis s’affirme encore que le  » grand reportage » n’est pas forcément à l’autre bout du monde. Pour preuve, le Prix Albert Londres 2010: « La mise à mort du travail » de Jean-Robert Viallet se passe ici, à Paris, dans les bureaux « clean » de multinationales. Ou des hommes et femmes peuvent aussi se sentir manipulés. En fonction d’une loi qui s’impose partout dans le monde, celle du profit maximum.

Nous reviendrons sur ces films, celui de Christophe de Ponfilly, celui de Manon Loizeau, celui de Grégoire Deniau et d’autres encore, tous saisissants.

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« Ma vie n’a pas plus de prix qu’une autre…

... elle n’en a pas moins non plus« . Ces mots extraits du testament du père Christian de Chergé,  écrit deux ans avant sa mort, n’expliquent peut être pas totalement le succès du film « Des hommes et des dieux », mais ils sont bien au coeur du bouleversant documentaire réalisé en 2005 par Emmanuel Audran.  « Le Testament de Thibirine » retrace, sur les lieux mêmes, en Algérie, l’histoire des sept moines assassinés en 1996.

Partant du testament du prieur de la communauté des moines trappistes, rencontrant français et algériens, chrétiens et musulmans, montrant à travers des films amateurs la vie des moines, il éclaire magnifiquement l’engagement de ces religieux habités par leur foi, par leur désir de servir Dieu et les hommes.

Nous rééditons avec Emmanuel Audran et Mille et Une . Films, le DVD de ce documentaire qui inspira aussi le film de Xavier Beauvois. Disponible début décembre.

Les chrétiens d’Orient rejoignent aujourd’hui la tragédie de Thibirine. Le massacre de l’église syriaque à Bagdad suit des persécutions violentes et continuelles. Ces chrétiens, à la présence dans ces lieux bien antérieure à l’Islam, sont chassés de ce qui est le berceau de leur foi dans l’indifférence totale.

 Largement ouvertes aux voix des minorités et aux victimes de l’Histoire, nos éditions reviendront sur cette tragédie.

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l’avenir de l’Europe passe par la culture.

Arte a 20 ans. Le projet, né dans les années 80 sous l’impulsion du président Mitterrand et du chancelier Khôl, suit trente ans d’une politique basée sur le rapprochement franco-allemand. Les deux peuples ne voulaient plus se faire la guerre mais imaginer un avenir commun passant par l’Europe. L’économie a pris le dessus.

Peut-on construire une identité commune sans la culture? Arte est visionnaire. On peut y voir et entendre deux cultures, on peut même y voir et entendre une culture commune au monde entier. A travers films et documentaires se dessine une meilleure connaissance des uns et des autres. 

Éditeur, dès 1990, des premiers films de la fameuse série Palettes diffusés et coproduits par Arte, nous sommes nous mêmes proches des thèmes développés par la chaîne franco-allemande: ceux qui s’expriment à travers le cinéma, l’art, la pensé, la musique, thèmes qui permettent de retrouver les mêmes auteurs : Alain Jaubert, Pierre André Boutang; les mêmes penseurs: Gilles Deleuze, Claude Lévi-Strauss, Raymond Aron. Pour n’en citer que quelques uns.

L’Europe est déjà là, dans ses passerelles lancées.

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Un chou en hiver

Enfin le froid, et par conséquent l’envie de se réchauffer. A la maison, dans la cuisine! et puis l’essence se fait rare, rendant plus incertain le week end de la Toussaint. Une proposition, piocher dans Cuisiner, un sentiment, le livre de Jacky Durand, chroniqueur des « papilles » dans Libération, d’abord sa recette du chou farci; page 139 du chapitre « Des saisons et des envies » : Et tout d’abord une potée: elle peut être « auvergnate »,  « lorraine » et de bien d’autres façons. Légumes, viandes, vous y mettez ce que votre humeur commande pourvu que cela cuise au pot… Jacky Durand nous transporte, nous transforme, nous sommes heureux, nous sommes environnés d’odeurs chaudes. Allons au marché, en Bresse: sous l’effet de la chaleur la peau du poulet grésille et dégage un puissant fumet…et déjà la faim triture le ventre à la vue du gueuleton qui se prépare dans les murs de l’association de la Grange rouge, page 199, chapitre « Des lieux ». Suivons le à Louhans en Saône-et-Loire, tater et choisir les meilleurs poulets du monde, puis au milieu des fines geules nous donner enfin la recette qui nous met l’eau à la bouche et réconforte notre entourage! Ne boudons pas notre plaisir.

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Fabrice Luchini lit Philippe Muray

Provocateur! Décapant! Qui n’en prenait pas pour son grade aujourd’hui au Théâtre de l’Atelier à Paris: Fabrice Luchini lit Philippe Muray, essayiste mort en 2006, observateur sans concessions de notre époque. La culture, la politique, les tics et les manies, pour Philippe Muray, la forme annonce le fond: le coordinateur de la petite enfance, l’animateur d’ambiance et autres nouveaux emplois chassent ceux plus réels d’un monde en voie de disparition. « L’homo festivus » , celui qui court dans les nuits blanches, en est un autre exemple, nous ne sommes que l’ombre de nous mêmes. La salle, comble, riait, parfois jaune? Luchini se régalait. Après son admirable lecture du Voyage au bout de la nuit de Céline (1), le voilà qui fait émerger ce sombre et réjouissant romancier. Profitons-en. Attention, âmes sensibles, cela peut faire mal.

(1) retrouvez aussi l’édition    DVD Céline vivant avec des archives totalement inédites. – sans Fabrice Luchini- des entretiens avec Céline….

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D’un continent: l’autre

Écrivain colombien « secret » ou presque, écrivain à l’écriture sèche, à la description juste, Tomàs Gonzàlez arrive en France par le coup de coeur d’Hélène de Virieu, la directrice littéraire de Carnets Nord. Au commencement était la mer, titre français de ce roman, est une belle traduction de Delphine Valentin. Tomàs Gonzàlez décrit l’utopie du paradis sous les tropiques, du retour à une nature idéalisée. Comment ses héros sauront-ils affronter la réalité? D’ailleurs est-ce de réalité dont il s’agit ou de vitalité? D’un continent:  l’autre, Colombie toujours : saisissement d’une lecture, cette fois-ci avec l’autobiographie de la franco-colombienne Ingrid Betancourt. Même le silence a une fin, publié chez Gallimard, est un émouvant et incroyable récit, celui de 6 ans dans l’enfer des FARC. Vision de l’enfermement et de la solitude. Comment a-telle fait pour résister? Quand à la question posée par Au commencement était la mer, réponse peut-être dans sa lecture, ou avec l’auteur qui vient en France début novembre…

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Un somptueux documentariste : Jean-Claude Bringuier

On va parler ici d’une certaine télévision, d’une certaine forme de télévision que quelques hommes, qui la faisaient alors, nous apportaient : celle du temps pris et donné, du temps d’écoute, d’un regard porté sur les gens et les choses, d’une certaine forme de télévision donc, celle d’un autre temps.

J’ai rencontré ce temps là,  il y a quinze ans, grâce à  l’homme qui tout de suite impose sa présence. Voilà Jean-Claude Bringuier, somptueux documentariste, homme de télévision, homme d’humanité, homme du regard, de l’écoute, de la parole. Il emplit la pièce, décuple l’envie. Je suis émerveillé par les « gens » qu’il filme, « Des paysans » des Pyrénées, des Alpes, du Languedoc, par le tact du réalisateur et encore cette précision de la langue (1). L’ambiance inoubliable d’un temps en train de disparaître, et qu’il a voulu filmer pour qu’on puisse un jour s’en souvenir. Ce sera aussi le début de nombreuses rencontres, déjeuners en tête à tête ou il évoquait Claude Lévi-Strauss, si familier pour lui (2). Un autre jour, pour cet amoureux des arts, nous évoquerons la Joconde à qui il consacre un film (3). Ensemble nous formerons le projet d’une rétrospective de ses œuvres au cinéma, que les années qui passent, rendra encore plus incongru- il gardera le désir de toujours porter de nouveaux projets de documentaires à la télévision. Et puis l’âge, la faiblesse de l’âge qui l’effrayait, contre laquelle il pestait, devint présente, trop présente. Un jour il n’était pas au rendez-vous. Il ne fût plus jamais au rendez vous.

Jean-Claude Bringuier a disparu sans tambours, ni trompettes. Oublié. Par notre époque trop rapide, trop bling-bling pour pouvoir voir et aimer le temps qui passe. Il était le poète de l’indéfinissable, des petits matins dans la brume, des voix résonnantes du soir, il avait le goût de l’infini. Adieu à lui, je faisais partie de ceux qui l’aimaient. (4)

(1) Nous éditerons « Des Paysans » en 1995 dans un coffret de 3 VHS puis les rééditerons en DVD 2006 en lui adjoignant « Le Dernier Battage » filmés respectivement en 1978 et 1973.
(2) Nous éditerons en 2008 « Une approche de Lévi-Strauss » dans le cadre d’un coffret hommage : «  Le Siècle de Lévi-Strauss »
(3) Également édité un peu plus tard.
(4) La mort d’un sourcier de Jean-Claude Raspiengeas. La Croix du 24 septembre 2010

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