En avril, ne te découvre pas d’un fil !

Les expressions populaires rabâchées jusqu’à plus soif nous montent parfois spontanément aux lèvres, et on les regrette aussitôt. C’est mon cas, et pourtant je la partage avec vous. Air vif, soleil qui réchauffe, terrasses de café joyeuses ou les laines (les fils) s’enlèvent. Voilà un jour qui nous donne le sourire. Pourtant le fil retiré est un risque, des courants froids meurtriers surgissent dans l’ombre des rues. Tant pis, j’y vais. Je fête ce printemps arrivé avec 15 jours de retard. Nos humeurs ne veulent pas se laisser assombrir par les actualités, ou pourquoi donc, seul le noir fait les titres.

Les médias hésitent. Sur le même sujet, deux avis divergeants nous sont proposés afin, peut-être, de faire bonne mesure. Dans le Figaro, sur le Traité en négociation entre les États-Unis et l’Europe, voilà l’expert, champion de la libéralisation, moins d’obstacles aux échanges économiques développeront le commerce, la croissance et donc la démocratie et la paix. Une demi-page pour ses arguments. Une autre pour Périco Légasse, journaliste, défenseur du bon, du beau et du bio. Et par exemple du lait cru dans les fromages. Une position détestée de l’agro-industrie et des hypermarchés. Périco Légasse dénonce dans ce projet la victoire des américains pour abaisser les normes environnementales et écraser l’agriculture française et européenne. Ma religion est suffisamment faite depuis longtemps. L’argent n’a pas d’odeur, le bon, le beau, le bio, oui!

Cela veut-il dire que mon opinion n’a pas besoin des deux arguments. Elle est toute faite, disais-je, le journal préserve-t-il simplement son fonds de commerce, ne pas se fâcher avec ses lecteurs en leur offrant les deux bords! Je ne retrouve pas cette subtilité avec le billet de Renaud Girard, le même jour. Auteur chez Carnets Nord, il martèle son point de vue avec force, va même samedi matin au micro d’Anne Sinclair par préconiser l’enseignement du roman national dans les écoles, l’Histoire de France, le gaulois qui doit frémir en nous quand la Marseillaise retentit.

Et c’est Libération qui retire un fil, celui du voile porté en France dans l’espace public par les musulmanes, de plus en plus porté, pouvons-nous le constater jour après jour. Attention au communautarisme, s’inquiète le journal. Une grande première pour ce quotidien. Mais dans le même temps, il nous propose sur deux pages, des portraits des jeunes leaders de cette communautarisation, en faisant de ceux-là par cette médiatisation des nouveaux héros. Étrange situation des médias, incapables de gérer la part des choses. A trop vouloir ménager la chèvre et le chou… voilà que je reviens à l’expression populaire pour éclaircir l’ombre. Et bien oui, je crois comme Elisabeth Badinter ou Kamel Daoud, qu’il faut choisir son camp. Celui de la liberté malgré tout. Le roi est nu, sans un fil sur lui, il ne le sait pas ! Voilons-nous la face pour ne pas le voir.

 

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Un résistant, le livre

et oui, le livre résiste. Il suffit de passer ce samedi au Salon du livre pour se réjouir. Nous continuons d’aimer lire avec cet étrange objet ou les mots, les idées, l’imagination trônent. Objet de toutes les formes, de toutes les couleurs, qui lorsqu’on l’ouvre, nous procure toujours plaisir et étonnement. Il résiste aux prédictions des « modernes »: c’est dépassé, encombrant, le digital- entendez la tablette- permet d’avoir 1 000 textes, si facile en voyage, si commode chez soi. Plus besoin de rayonnages. «  Au Salon du livre, se promener entre les stands des éditeurs provoque chez moi, comme chaque année, la joie et l’ébahissement. La couverture m’arrête, j’ouvre, je lis les premières lignes… à coté, plus loin, je recommence mon manège. Je sens chaque livre comme une gourmandise imaginée par l’auteur des mots, le concepteur de l’objet. La ruse est sur chaque rayon, jubilatoire, presque diabolique.

Pour mon plus grand bonheur, et ici personne ne boude ce bonheur. Parfois jusqu’à la folie moutonnière. Là, depuis deux heures des fans d’Amélie Nothomb attendent leur magicienne en chapeau, ici, les accros de recettes à aller mieux se pressent pour une dédicace et un selfie de et avec Michel Cymes. Oui, le Salon est aussi une gigantesque foire aux vanités, aux représentations et aux petites et grandes douleurs. Là encore, un auteur sans « clients » regarde son voisin dédicaçer 150 livres en une heure. J’accompagne maintenant Georges Pernoud pour le Bon vent que nous publions. Georges écoute chacun, réfléchit aux quelques mots qui feront plaisir. Il est à la ville comme à la scène, attentif, présent, cordial. Il aime ce qu’il fait. Les amis de Thalassa se comptent par millions, ceux qui sont là aujourd’hui, le remercient pour ce qu’il leur apporte, un plaisir hebdomadaire simple et sincère.

Erik Orsenna passe. Ils s’embrassent. Erik Orsenna a donné une préface à Bon vent, dans laquelle, à sa manière, toujours joyeuse, il rappelle le travail —  du si discret Monsieur Georges, comme il le surnomme! Quatre heures de dédicaces du livre, sans course contre la montre. Mais Georges a un train à prendre, s’excuse de ne pouvoir continuer auprès de ceux qui attendent, n’arrive pas à partir, à ne pas donner encore quelques lignes. Merci monsieur Pernoud , continuez et voilà Georges qui promet encore, après 40 ans d’émissions! Noir sur blanc, les mots fixent une vie et une histoire. Et tout autour de moi, la fête continue.

 

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le plaisir de découvrir un grand cinéaste, Jean Gaumy.

Quand le générique de fin commence son déroulement, parfois on le regrette, parfois on aimerait rester dans cette atmosphère qui nous a prise pendant une heure, deux heures. C’est vrai pour un film ou pour un livre. Mystérieuse alchimie que nous procure une sincérité, une sensibilité, un talent. L’histoire dont j’ai peine à sortir est celle que nous raconte Jean Gaumy dans une série documentaire «  Sous-marin »,  réalisée en 2005 et diffusée sur Arte à la même époque. Elle fera partie de l’édition DVD des œuvres que nous vous proposerons dans quelques mois. Je tourne autour de ces impressions d’après visionnage, d’après découverte.

Cinq épisodes, les hommes à l’épreuve, le bateau aveugle, le temps immobile, la guerre virtuelle, le dernier rivage. Cinq titres parfaits pour exprimer une vie, une ambiance, des questions, un danger, un bonheur. Voilà à Toulon, un sous-marin, La Perle, qui va appareiller pour quatre mois, et déjà la vie est là, réelle, vivante, suspendue. Réalité, l’arme, le danger, l’objectif pour 80 hommes. Le sous-marin nucléaire a une mission, eux un départ. Des ordres, des adieux. Pendant plusieurs jours des simulations d’accidents amènent l’équipage à comprendre et réagir. Réflexes, conscience. Visages. Exiguïté et vivre ensemble.

Un visage serein, déterminé, faussement enfantin, réellement jeune, le commandant de ce bateau, le capitaine de frégate, Guillaume Martin, 39 ans, 17 000 heures de vie sous-marine, presque deux ans en plongée, dit-il sans commentaire superflu. Il assume. Il donne confiance. Pendant les quatre mois d’embarquement des cinéastes, quand nous rencontrerons son regard, que nous entendrons sa voix, nous sentirons cette confiance du sous-marin. Nous l’imaginons, recours ultime, arbitre, commandant. Dans toutes les situations. Et celles-ci sont posées par la caméra de Jean Gaumy. Cet univers si étrange, vivant à 300 mètres de profondeur, monde d’hommes, monde invisible, aveugle mouvement, qui nous semble si fragile, si inconséquent presque : pourquoi être là? Regardez, écoutez, cette  scène surréaliste et bien réelle des officiers face à leur mission: La dissuasion, c’est de ne pas envoyer le missile nucléaire, l’envoyer, c’est se venger et c’est trop tard, nous avons perdu. Alors pourquoi l’envoyer? pour obéir à l’ordre? 

Après Jean Rouch, Ariane Doublet et bien d’autres, nous allons vous proposer en 2016, les œuvres de deux grands cinéastes, Mario Ruspoli et Jean Gaumy, un régal!

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culture et agriculture, Kamel Daoud aux Césars.

agriculture d’abord: le Salon de l’Agriculture s’ouvre dans la confusion et la désolation. Ceux qui suivent les Éditions Montparnasse connaissent nos points de vues. Point de salut dans l’agro-industrie destructrice de l’environnement, des emplois, et faussement productive. Un maraicher bio sur 1 hectares nourrit mieux et moins cher qu’un tracteur sur la même superficie. Un éleveur de vaches laitières produit mieux et moins cher en mettant ses vaches à l’herbe qu’en les bourrant de farines dans des hangars fermés. Transformer l’agriculture paysanne en agriculture industrielle enrichit quelques uns dont la grande distribution et appauvrit les autres. L’Allemagne donnée en exemple de la productivité a supprimé la moitié de ses fermes en 10 ans. Au profit de qui? Pas de ses paysans contraints de quitter leur terre. Pas au profit des consommateurs qui achètent les mauvaises productions des fermes géantes…

Quand on écoute les uns et les autres, quelle confusion! Les technocrates de Bruxelles soumis à la loi du marché ultra-libérale détruisent un peu plus chaque jours l’idée d’une Europe au service des citoyens. Les politiques n’en ont pas, de politique. Navigation à vue, contradictions des idéologies. Pas de bon sens, pas d’audace. Désolant. Allons voir le film de Mélanie Laurent et Cyril Dion, Demain. Il nous parle mieux d’aujourd’hui que tous les discours. Quand aux agriculteurs, ils manifestent, mais que font-ils pour changer? Rien. Ils semblent subir, pourquoi? Certains changent de modes de productions, pensent aussi aux consommateurs, et s’en portent mieux. Ils ne veulent plus être soumis au marché mondial et à ses diktats.

Et justement ce vendredi soir, Demain a obtenu le César du meilleur film-documentaire. Remerciements des réalisateurs à tous, notamment aux centaines de personnes qui ont apporté leur obole pour permettre la réalisation de ce film hors norme. Cinéma, culture…j’ai regretté que les deux jeunes acteurs de Trois souvenirs de ma jeunesse, Lou Roy Lecollinet , Quentin Dolmaire, ne soient pas récompensés. Mais on entendra reparler d’eux, j’espère. De même Youth,  de Paolo Sorrentino, magnifique réflexion sur la mort, donc sur la vie. Si mal représenté par cette affiche de deux vieillards libidineux –Michael Caine et Harvey Keitel– regardant une ravissante jeune femme nue. Et puis Comme un avion, de et avec Bruno Podalydes, poétique et réaliste approche de comment se débarrasser de ce dont a pas besoin pour vivre ou encore comment vivre tout simplement. Délicieux et audacieux.

Pour finir, j’aurais aimé entendre dans cette soirée de la culture une voix, peut-être celle du lauréat du meilleur film, Philippe Faucon, lancer un appel pour la liberté d’expression. Un appel en faveur de l’écrivain et journaliste Kamel Daoud, qui insulté, menacé, se retire du débat public. Il n’est ni le premier – Salman Rushdie vient de voir la prime pour son assassinat augmenter par une nouvelle fatwa- ni le dernier. Et le silence des indignés de la bien-pensance est assourdissant. Kamel Daoud revendiquait pour les femmes le droit à la liberté dans l’Islam.

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le sport, une philosophie. La guerre, une action.

à 8 ans, son père l’emmenait au Parc des Princes. Aujourd’hui le philosophe reste un supporter de ce stade et du ballon rond. J’aime la taille du Parc des Princes, on voit le jeu, on a la proximité avec les joueurs contrairement au Stade de France. Alain Fikienkrault, dans cette magnifique collection de six films, nous décrit son amour du sport, conjuguer la rage de vaincre avec l’art de perdre, ou encore, le sport faisait partie du processus de civilisation, on se défoulait mais à l’intérieur de règles très précises. Il nous dit aussi son rejet, voire son dégout de son évolution sous les assauts de l’argent, qui crée l’inégalité entre les clubs, le lieu de la victoire à tout prix.

J’aime encore regarder des matches. Vous serez étonné d’entendre le philosophe si bien connaitre le ballon rond, ses joueurs, son histoire, mais aussi celle du cyclisme. Il commente à sa façon le rôle essentiel du sport dans l’esprit des hommes. Devant les caméras de Benjamin Pichery et les questions du philosophe François L’Yvonnet,  d’autres philosophes donnent leurs Regards sur le sport. Nous n’avons pas besoin d’être un passionné pour les écouter avec passion, Michel Onfray, Boris Cyrulnik, Geneviève Fraysse, Robert Redeker, Paul Ariès, six regards iconoclastes, différents, nous invitent à l’esprit critique sur cette activité humaine qui captive aujourd’hui des milliards d’hommes, pour le meilleur et pour le pire. Indispensable.

L’actualité de Montparnasse et Carnets Nord, un peu délaissé par ce blog depuis deux mois n’a pourtant pas chômé. Il faudrait absolument revenir sur les sorties chez Carnets Nord, de Choisir de vivre , roman-témoignage de Mathilde Daudet. L’arrière-petite-fille d’Alphonse Daudet, la petite-fille de Léon Daudet livre un récit bouleversant sur sa transformation à 60 ans d’homme en femme. Sur les plateaux de télévision, elle nous fait rencontrer un mystère et une réalité. Une vie de grand reporter baroudeur qui dans le secret de sa chambre d’hôtel sortait parfois le soir de sa valise une robe de mariée, pour un instant devenir ce à quoi elle aspirait depuis l’âge de 4 ans.  Insoupçonnable!

Grand reporter au Figaro, Renaud Girard y livre dans un fameux billet chaque mardi, un regard peu politiquement correct sur la marche du monde. Le Monde en guerre,  50 clefs pour le comprendre, est une sorte de Dessous des cartes en action. Mais plus encore, Renaud Girard rebat les cartes de la politique étrangère et de notre compréhension du monde. Il plaide pour un réalisme politique qui nous ferait discuter avec nos adversaires pour mieux identifier et combattre notre pire ennemi. Renversant!

 

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Nouvel an, des vœux impossibles?

Au soir du 31, l’exercice est difficile. Nous nous souhaitons de tout cœur une bonne année : succès en tous genres, amour, argent, santé, n’est-ce pas! Mais comment y croire vraiment? Autour de nous, les nouvelles sont si violentes que la dérision pointe derrière ces vœux. Le terrorisme, la guerre, le chômage, la pollution, la mondialisation, l’inquiétude est là, douloureuse. Comment se souhaiter du bonheur avec ces menaces, cette crainte qui nous étreint trop souvent ?

Clément Mouttiez répond à sa manière à cette interrogation. Dans un petit livre consacré à sa sœur trisomique, Ma soeur, cette fée carabossée,  ( Carnets Nord, sortie 15 janvier) il nous livre la recette du bonheur : la bienveillance du regard, l’amour de l’autre. Il nous dit même une chose stupéfiante, sa sœur est le bonheur, non pas sans difficultés- et là avec une drôlerie et une sincérité remarquables, il parle de la trisomie au quotidien- non pas sans inquiétudes, mais simplement parce que le regard qu’elle a et qu’elle lui donne, qu’elle donne à sa famille est aussi celui de l’amour.  Se donner ?  Un don réciproque de la vie!

Clément Mouttiez a aujourd’hui 31 ans. Sa famille a adopté sa sœur trisomique, alors qu’il n’avait que 6 ans. Domitille a aujourd’hui 26 ans, et c’est tout ce voyage, depuis ses premiers jours dans sa famille, qu’il nous raconte avec un humour et un amour décapant.  En exergue du livre, deux citations :  » et ta sœur?- elle bat le beurre. Et elle pisse bleu, t’as rien à teindre? « dicton populaire… et puis tiré de La Servante du Seigneur, de Jean-Louis Fournier : «  l’humour, c’est une parade, un baroud d’honneur devant la cruauté, la désolation, le difficulté de l’existence. » Clément et Domitille opposent l’humour et l’amour à la cruauté. Ils nous font rire et nous donnent espoir. Merci à eux.

bonne année à tous

PS.  et je rajoute cette phrase tirée  du « Grand Maître  » de Jim Harrison, en cours de lecture: « l’argent serait formidable si nous ne mourions jamais, mais vu que nous sommes mortels, c’est une obsession ridicule.  » C’est peut-être pour cela, la possession de l’argent, que tant de milliardaires américains travaillent sur l’immortalité ou du moins sur la possibilité de repousser l’âge de la mort! Vœux impossible !

 

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Noël, qui vient du latin natilis, qui veut dire naissance.

Evidemment, cette naissance de Noël, est celle de Jésus, il y a deux mille quinze ans. Evidemment les rois mages qui suivaient l’étoile du berger arrivèrent peu de temps après sa naissance et déposèrent des présents, évidemment la crèche et les cadeaux que nous offrons viennent de cette étonnante histoire. Parmi les trois rois mages, il y avait encore un arabe et un africain. La crèche est aussi une étable ou les deux voyageurs, Joseph et sa femme Marie, se réfugièrent pour la nuit. Il y a de nombreux symboles que nous pourrions heureusement rappeler dans cette histoire. Que ce soit la naissance d’un enfant qui arrive en signe de paix, que ce soit dans une étable, entouré d’un bœuf et d’un âne, de bergers avec leurs moutons et leurs chèvres, que cet enfant « naisse »…

Mais à quoi bon rappeler cette histoire, elle est si connue, comme la suite, celle d’une épopée divine pour les uns, simplement humaine pour les autres. L’an dernier, l’écrivain Emmanuel Carrère en avait fait un best-seller contemporain- quand même minuscule par rapport à l’autre, la Bible, le Nouveau Testament- Dans Le Royaume, il imaginait la création d’une religion, d’une église, l’église chrétienne.  C’st aussi cela que plus d’un milliard d’hommes vont célébrer dans la nuit du 24 au 25 décembre.

Faut-il rappeler encore que les chrétiens sont discriminés et/ou persécutés dans l’ensemble des pays musulmans, que les pays occidentaux, les médias occidentaux n’en parlent guère, comme si cette discrimination était légitime. En Orient, et pas simplement dans les pays en guerre ou règnent les islamistes de Daech ou d’Al-Quaïda, mais dans des pays dits convenables, l’Indonésie, le Pakistan, les pays arabes, l’Egypte,  l’Algérie, les chrétiens doivent se cacher pour célébrer leur office de Noël.

Il faudra quand même se souhaiter Joyeux Noel, quelque soient nos croyances, en avoir ou pas, oui surtout en avoir ou pas, parce que l’espoir est aussi nécessaire que l’eau ou l’air, parce que ce soir là particulièrement,  les enfants du monde entier sont là pour parler de l’espoir qu’ils portent. Alors joyeux Noël!

 

 

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Tout çà pour çà! le gaspillage de la COP 21

Nous avons compris que les intérêts du court terme continuaient de dominer les Nations. Les riches ne veulent pas voir le précipice environnemental et économique qui se dresse devant nous. Les pauvres demandent aux riches les moyens d’accéder à cette même pente vertigineuse. La croissance par la consommation comme seule aspiration de l’humanité est un non-sens mortel. Chez les riches, les automates remplacent les hommes, chez les pauvres, la dictature de la consommation les pousse à quitter leur terre pour des bidonvilles au mieux, pour l’émigration chez les riches, au pire. La COP 21 aura simplement coûté une fortune pour combler l’ego de quelques dirigeants. Décidément, Pierre Rabhi a raison : il ne faut compter que sur soi. Faire sa part.

Rencontres : Bernard Pivot répond au micro de Wendy Bouchard sur Europe, puis à celui de Daniela Lumbroso sur France Bleu national. Un régal d’intelligence, de simplicité. Bernard Pivot présente le 3° coffret d’Apostrophes, celui consacré à 14 écrivains, 14 entretiens réalisés tout au long des quinze ans d’Apostrophes : parmi eux, Marguerite Yourcenar, Soljenitsyne, Marguerite Duras, Georges Simenon, Dumézil, Dolto, Albert Cohen, Nabokov. Les plus grands, ou bien ceux que Pivot pouvaient encore approcher. Une belle liste, et une grand regret : ne pas avoir Romain Gary. Être passé à coté de lui, il est mort, et j’ai rapidement compris le manque qu’il y aurait. D’autres regrets ? oui, mon insistance pour savoir si devant le suicide de sa fille qu’il raconte dans ses mémoires, Georges Simenon est aussi l’écrivain, pas simplement le père. Je lui repose la question deux fois. Ce n’était pas bien. Modeste? non plutôt lucide et sincère.

 

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Fantasque et créative, une exploratrice, un vrai doux, une bulle de champagne,

un musicien remarquable, dix mille projets, matheux et sportif, semeur et rêveur, généreuse et engagée, curieux de tout, un charme fou...et puis des visages, des noms. Ils ont vingt cinq ans, trente ans, quarante ans, un peu plus parfois. Depuis le 13 novembre,  chaque jour, Le Monde nous parle avec une photo et des mots, de quelques unes de ces vies arrêtées, en soulignant ce qu’elles étaient, ce qu’elles auraient pu être, ce qu’elles auraient dû devenir.  Ces vies reviennent un instant, si jeunes, si pleines d’ardeur, d’envies, de désirs. Leurs sourires, leurs regards nous atteignent en plein cœur. Pourquoi cet acharnement sur eux?

Ce ne sont pas les victimes d’un affreux accident, ou même d’un lâche attentat. Non, ce fut une exécution implacable. Tout a été dit. Rien n’a été dit sur la violence qui les a tués. Cette violence qui emplit l’Islam depuis les confins de l’Asie, et couvre ses immenses territoires de l’Orient et de l’Afrique, jusqu’à nous atteindre aujourd’hui en Europe.

Violence de la charia et/ou de la guerre de religion. Toujours dans Le Monde, celui daté du dimanche 29 novembre,  l’écrivain algérien Kamel Daoud, auteur de Meursault contre-enquêtesouligne l’ampleur de la menace islamiste, et la faiblesse de nos réponses. Il craint pour l’Algérie un prochain retour de l’islamisme qui gagne chaque jour du terrain. Pour lui, la situation de la femme est au centre du problème de l’islam.

Dans le monde arabe, nous avons trois liens défectueux : le rapport à la liberté, le rapport à la mort et à la femme. Nous sommes dans des sociétés qui refusent le « je » et l’individu. Le rapport à la mort est intoxiqué par l’offre religieuse. Reste le rapport à la femme. J’ai fini par comprendre que lorsque nous avons un lien simple avec la femme, nous avons un lien normal avec la vie, l’espace public, avec la liberté, avec l’amour, le désir et le corps. Pour moi, c’est l’indice majeur, le marqueur d’une société. 

D’autres écrivains et philosophes, arabes ou musulmans, demandent une réforme de l’islam, une acceptation par celui-ci, comme l’Église catholique l’a fait en son temps, des règles démocratiques. Cette réforme passe d’abord par la libération de la femme, par son accès aux droits identiques des citoyens. Une religion d’amour est d’abord celle de ce respect et de cette égalité. Ces écrivains sont tous menacés…en Algérie, en France, au Pakistan…ils sont fouettés en Arabie saoudite, assassinés en Tunisie, mis en prison en Turquie. Partout dans ces pays, les femmes sont voilées, signe de leur appartenance à leur condition religieuse.

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La vie malgré tout

J’ai parlé de cet état de sidération qui peut nous étreindre. Pour nous qui habitons dans ce quartier touché si cruellement, qui pensons à ceux qui ont perdu l’un des leurs, les lieux nous parlent sans cesse de la cruauté, de la mort donnée par d’autres humains, de la vie qui continue. Mais comment continue-t-elle, cette vie ? N’y a-t-il pas une sorte de mécanique de la vie: gestes accomplis par nécessité. Je mange, je parle, je travaille, je souris, je ris même, j’aime, je retourne aux terrasses de café, bientôt j’irai au théâtre, au concert, danser…je prends le métro parce qu’il faut bien. Je vis !

Je lis. Je découvre le monde de « La guerre n’a pas un visage de femme« , du Prix Nobel de littérature, Svetlana Alexievitch. Les témoignages de celles qui partirent défendre leur pays, l’Union soviétique, en 1941, alors qu’elles ont moins de vingt ans. Elles sont toutes volontaires, elles sont jeunes, elles ne savent pas ce qu’elles vont rencontrer. Elles témoignent. Mon cœur se serre, en les écoutant, de pitié et d’admiration. Témoignages de celles qui ont survécu, traversé l’enfer, trouvé l’horreur et la beauté. « Je peux raconter comment je me battais. Mais raconter comment je pleurais, ça non, je ne peux pas. Cela restera non dit... » Anastasia Ivanovna Medvedkina, simple soldat mitrailleur. Non, la guerre n’a pas un visage de femme. La guerre, invention des hommes? Mais des femmes se battaient sublimées par le Petit Père des peuples, Staline,  dont elles ignoraient le coté monstrueux. Force de l’aveuglement de l’idéologie que l’on peut retrouver aujourd’hui dans l’islamisme.

Je travaille. J »accompagne samedi Georges Pernoud à une série de décicaces dans deux librairies de Nantes pour son autobiographie que nous publions, Bon vent.  Toute la nuit de vendredi, Thalassa a diffusé sur France 3 des émissions pour le 40° anniversaire de l’émission. Record de longévité ( seul le Jour du Seigneur la bat avec la première diffusion de la messe de Noël en 1949 !), record de modestie encore. Georges Pernoud est « accosté » à chaque instant par un « ami » admirateur: merci, monsieur Pernoud pour ce que vous nous donnez », « bravo Georges, » disent certains plus familiers, et Georges, avec son air de faux ours, remercie à son tour: c’est vous que je remercie de regarder Thalassa, nous nous faisons notre métier. Simple non.

Deux librairies de Nantes. Durance, en centre ville, un idéal de librairie, deux générations de libraires, les Cousinard, une petite entreprise de 19 personnes, un goût transmis partout dans chaque rayon, dans chaque livre présenté, dans l’atmosphère même. Les »collaborateurs » affichent leurs choix dans une sélection affirmée et revendiquée. Bravo à Daniel Cousinard, qui de sa cabine de pilotage, nous dit à quel point les mots sont essentiels.

L’après-midi, à l‘Espace culturel Leclerc, je vois la file  du public venu pour la dédicace ne cesser de s’allonger. Le responsable de l’Espace, Philippe Rateau, est heureux: j’aime voir les gens sourire, parler entre eux, se réjouir à l’idée de rencontrer quelqu’un qu’ils aiment. Georges a un mot pour chacun, s’enquiert de leur intention. Pour Andrée et Bernard…signature ponctuée d’un poisson, emblème de l’émission. Les selfies rallongent la signature. Je le presse. Tous doivent avoir leur signature avant le retour à Paris. Oui, la vie continue!

 

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